• La médiation culturelle en archéologie

     

     La médiation culturelle en archéologie, généralités et exemples

     

    Les fouilles archéologiques et leurs résultats permettent d’appréhender les activités des sociétés anciennes, leurs comportements sociaux, et l’environnement dans lequel elles ont évoluées. Afin de sensibiliser les agents politiques et le public, il est nécessaire de pouvoir expliquer l’intérêt de l’acquisition et de la conservation de ce savoir. Ce faisant, les acteurs de la médiation culturelle en archéologie, vulgarisent les problématiques de l’archéologie et ses résultats, afin de les rendre accessible à un large public.

     

    1 - Généralitées

    Archéologue médiateur ou médiateur en archéologie ?

    Afin de répondre au mieux aux problématiques spécifiques de l’archéologie, il est nécessaire de faire appel à un personnel formé à cette discipline. Il est en effet plus que souhaitable souhaitable que l’agent possède des connaissances générales sur la discipline, les enjeux de la recherche et les problématiques économiques et politiques. Ce faisant, les archéologues (INRAP, boîtes privées, collectivités territoriales, CNRS) semblent les plus à-même de présenter leurs chantiers et travaux. Toutefois, ils ne seront peut-être pas aussi pédagogues et à l’aise avec le gestion du public, qu’une personne formée en médiation. Et inversement, une personne formée en médiation culturelle, trop généraliste ne sera peut-être pas la plus qualifiée pour vulgariser l’archéologie. Il est alors nécessaire d’avoir une collaboration entre les archéologues et les médiateurs, afin de lier, savoirs théoriques, savoirs techniques et capacité de diffusion. On remarque une lacune dans la formation professionnelle de médiateur en archéologie. Il n’existe pas de diplôme spécifique, les formations universitaires en archéologie ne dispensent pas ou peu de formation en médiation, et inversement. Il est toutefois possible de combler ces lacunes via des initiatives personnelles au sein d’associations étudiantes (souvent en archéologie), ou lors de stages en médiation culturelle. L’INRAP, les collectivités territoriales, les laboratoires de recherches et les organismes privés d’archéologie, peuvent avoir un pôle médiation. Seul les Musées de France doivent disposer d’un service ayant en charge l’accueil du public, la diffusion et l’animation culturelle, assurée par un personnel qualifié1. Le statut de médiateur en archéologie est donc difficile à définir, se situant entre le médiateur culturel et l’archéologue.

    1 article L442-7 et 9 du code du Patrimoine

     

    Les missions

    Idéalement - et quel que soit le statut de l’agent de médiation – l’objectif est de mettre en relation les publics avec des sujets patrimoniaux et scientifiques, par la transmission des savoirs archéologiques. Il sera demandé à l’agent de mettre en place un projet et de l’animer. Le projet sert de cadre à la médiation, présentant le contenus à diffuser, le contexte de valorisation (lieu où elle se déroule) et la démarche méthodologique envisagée. Il faut au préalable avoir connaissance du public ciblé, afin d’adapter le contenus et le parcours (âge, handicaps par exemple). Des compétences théoriques, techniques, méthodologique et la capacité à gérer un groupe sont nécessaires à l’animateur.

    La fonction pédagogique de ces ateliers est intrinsèque, notamment pour les scolaires. En effet, l’Education Nationale créée des services éducatifs, qui collaborent avec les services territoriaux dans l’élaboration d’outils pédagogiques. Les cours peuvent donc être complétés avec une documentation récente, divulguée par un archéologue ou un médiateur professionnel. De la même manière, les musées sont souvent considérés comme un complément à l’enseignement, ou une manière de l’illustrer.

     

    Les supports de la médiation

    Différents outils sont utilisés pour transmettre les connaissances. Ces derniers sont adaptés aux publics.

    Lors des visites de sites ou de musées, on pourra trouver des supports écrits (fascicules, poster, affiches) permettent d’avoir une informations claire sur un sujet particulier. Des supports audio-descripteurs peuvent également être mis disposition des visiteurs. Des vidéos peuvent compléter les supports écrits, notamment dans les musées.

    Dans les musées, musées de sites, parfois liés à un parc archéologiques, de l’archéologie expérimentale est mise en place. Elle permet aux archéologues d’acquérir des savoirs techniques à partir de la théorie, et constitue un excellent support de médiation. Outre l’aspect scientifique, le public est immergé dans les savoirs faire anciens, et dans une certaine ambiance. Faire visiter l’intérieur reconstitué d’une maison gauloise - avec son mobilier - est en effet plus immersif que de montrer un plan de chantier. Il pourra de même confronter ses sens à l’alimentation, les objets ou encore l’art des anciennes sociétés. Les reconstitutions et expérimentations sont effectuées par des archéologues avec des bases théoriques solides, parfois aidés par des spécialistes et des artisans. Il s’agit d’un très bon complément à une visite de musée et de site, où les mobiliers sont placés dans leur environnement. A des fins pédagogiques, il est souvent proposé des ateliers ludiques aux enfants ou aux groupes scolaires. Il peut s’agir de fabrication d’objets céramiques, en os, de peinture de mosaïque, de fabrication de fibules par exemple.

    Le savoir archéologique se transmet aux publics lors d’événements nationaux comme les Journées Européennes du Patrimoines ou les Journées de l’Archéologie, où des animations spéciales sont souvent mises en place. Des troupes de reconstitution peuvent en effet être appelées (légion romaine, productions artisanales etc...), en compléments aux agents de médiation. C’est aussi l’occasion pour l’INRAP de mettre en place des visites de chantiers en archéologie préventive. Indépendamment, les musées mettent en place des visites et des ateliers pédagogiques.

     

    2 - Exemples

    Le musée archéologique de Lattes (Hérault)

    Situé dans l’ancien Mas Saint-Sauveur, aux abords de l’antique port de Lattara, le Site archéologique Lattara – Musée Henri Prades présente le résultat des fouilles archéologiques menées à Lattes par Henri Prades et le Groupe Archéologique Painlevé dès 1963, et par le CNRS depuis 1983.

    Le musée de Lattes est labélisé Musée de France. Il est lié au site archéologique de Lattara et au parc archéologique. Une exposition permanente sur l’histoire du site est installée (naissance d’un port, vie quotidienne, artisanat, habitation, monde des morts, art, croyances, divertissements, costumes et parure), et des expositions temporaires sont mises en places.

    Le service éducatif du musée propose des visites guidées et animations à caractère historique. La visite peut-être accompagnée de la diffusion d’un diaporama sonorisé. Ces derniers portent sur les hommes préhistoriques, les premiers paysans d’Europe, la civilisation Etrusque, la société gauloise et ses dieux, la condition des enfants dans la société romaine, les monuments romains, la vie quotidienne à Pompéi, le site archéologique de Lattes, Lattes au Moyen-Age.

    Les ateliers pédagogiques portent sur l’initiation à la peinture pariétale, à la poterie néolithique, aux décors peints de la céramique grecque, à l’orfèvrerie gallo-romaine et fabrication d’une fibule, la mosaïque romaine, fabrication de lampes à huile antique, techniques de tissage ancien, confection d’un costume romain, écritures anciennes, décors peints de faïence médiévale, techniques de fouilles, restitution d’un habitat gaulois.

     

    Le village préhistorique de Cambous (Viol-en-Laval, Hérault)

    Le village préhistorique de Cambous à été découvert en 1967 par Henri Canet et Jean-Louis Roudil, les fouilles débutent en 1968 jusqu’en mi 80. Une nouvelle session de fouille a été mise en place depuis 2014, dirigée par Luc Jallot (UMR 5140) et avec la collaboration de la Société Languedocienne Préhistorique. Cette dernière est créée par Jean-Louis Roudil en 1977, dont les missions sont de coordonner des chantiers dans la région, animer et diffusé le patrimoine préhistorique.

    Un programme d’archéologie expérimentale est mis en place à même le site, sous la direction de l’UMR 5140 et par la SLP. L’objectif à long terme est de reconstituer une habitation avec des outils produits de manière expérimentale. Les ateliers de taille de silex, d’industrie osseuse, production de haches polies, abattage d’arbre, vannerie soient en collaboration afin de savoir quels outils et quels gestes sont les plus efficaces. Chaque atelier enregistre les outils utilisés, la technique, les échecs et réussites et le temps de réalisation, avec prises de photo et dessins. L’idée est d’estimer l’investissement humain et matériel pour réaliser cette habitation, avec les outils et gestes les plus efficaces.

     

    Bibliographie :

    De Miranda 2010 : DE MIRANDA (I.) – Se former à la médiation en archéologie, un enjeux qui s’impose. In : Les Nouvelles de l’Archéologie, La médiation en archéologie, 122, 2010, pp. 19-23.

    Giligny 2010 : GILIGNY (F.) – Reconstitutions expérimentales et médiation. In : Les Nouvelles de l’Archéologie, La médiation en archéologie, 122, 2010, pp. 51-55.

    Pernet 2010 : PERNET (L.) – Lattara : près de 50 ans de recherches sur une ville et son territoire. In : Archéo Thema, 11, 2010, pp. 10-11.

    Rieu 2010 : RIEU (J.-L) – La médiation dans les musées d’archéologie. In : Les Nouvelles de l’Archéologie, La médiation en archéologie, 122, 2010, pp. 11-13.

    Savary 2010 : SAVARY (X.) – Les supports pédagogiques pour la médiation en archéologie. In : Les Nouvelles de l’Archéologie, La médiation en archéologie, 122, 2010, pp. 5-10.

     

     

     

    Adrien Masson

     

     

  • La 3D : une Nouvelle Technologie au Service de l’Archéologie

     

    La 3D : une Nouvelle Technologie au Service de l’Archéologie

     

     

    L'utilité de la modélisation en 3D, en particulier pour l’histoire de l’art et l'archéologie est indéniable. Comme artiste 3D travaillant sur la modélisation de la Cathédrale Saint Jean au sein de l’INRAP, mon travail vise à utiliser la 3D pour donner une nouvelle perspective intégrale du bâtiment afin de servir comme base dans l’approfondissement de nos connaissances du site. Cet article traite de la technique de modélisation en 3D, ses implications scientifiques, pédagogiques et archéologiques, ainsi que de mes projets de 3D au sein du CRNS l’année dernière.

    Par Robert Verginieux, chercheur au CNRS à Bordeaux 3, le modèle 3D

    « contribue essentiellement à écarter les hypothèses fautives et de faire émerger les solutions...Les scènes 3D ne prouvent rien en elles-mêmes, elles sont cependant un support méthodologique efficace pour les raisonnements scientifiques. »

    Cet extrait souligne plusieurs apports importants du modèle 3D appliqué à la recherche – l'émergence de solutions et son rôle comme support méthodologique au processus scientifique. Dans le projet de restitution des tombeaux égyptiens à Karnak, le modèle 3D a servi à l'équipe « Aton 3D », du CNRS/Bordeaux 3 afin d’écarter les hypothèses erronées sur la construction du coin sud-ouest de la cour Gm-Pa-Aten et d’en proposer de nouvelles.

    A l’origine, une équipe de UCLA, appelée « Digital Karnak Project » avait construit un modèle de la cour en suivant l’hypothèse selon laquelle il s'agissait d'une galerie couverte . Les différences entre le modèle de la cour par UCLA (comprenant un pilier au coin, logique pour une galerie couverte) et la réalité archéologique (fondations de deux piliers retrouvés) a provoqué une nouvelle recherche menée par l'équipe du CNRS, qui trouvait le modèle original trop schématique et loin des évidences archéologiques, ce qui a permis de faire progresser nos connaissances dans ce secteur .  C'est grâce à l’augmentation du niveau de détails et à l'aller-retour entre le modèle et les sources documentées qu’Aton 3D a découvert que les fondations des piliers et du mur étaient très différentes, indiquant qu’il s'agissait d'une cour ouverte  – une hypothèse inconsidérée jusqu'au modèle élaboré par l'équipe du CNRS/Bordeaux 3 . Ce projet de modéliser la cour de Gm-Pa-Aten en 3D a donc permis l’émergence d’une solution au problème spatial et a été utilisé comme un support aux méthodes scientifiques d'archéologie et de recherche.

    Dans mes propres activités, une restitution de Saint Nizier réalisé en collaboration avec le CNRS a eu des résultats bénéfiques pour une recherche similaire à celles de Aton 3D. Cette restitution de Saint Nizier au vie siècle visait à proposer une conception schématique de l'intérieure et l'extérieure de l’église. Durant le déroulement du projet, le modelage en 3D a permis de mettre en évidence des écarts avec les théories actuelles concernant un sanctuaire du haut moyen âge. Ces écarts correspondaient à l'espace du sanctuaire gothique, exigeant une réduction de la taille du sanctuaire et, par conséquent, à une réorientation des tombeaux des archevêques à l'intérieure afin de former un demi-cercle. De plus, le nouveau sanctuaire étant réduit, les tombeaux ont dû être placées par-dessus le sol et non installés dedans, comme il était cru avant. C'est le fait d’observer l'ensemble du sanctuaire et le reste de l'église modélisé en 3D qui a fait apparaître un problème qui nous a conduit à reformuler nos idées. Le projet de Saint Nizier nous invitait à formuler une nouvelle hypothèse sur la forme d'un sanctuaire plus court et, également, sur la forme de l'église en générale au haut moyen âge. Cette investigation sur la forme de l'église dans une période de son histoire très peu connue peut potentiellement motiver des recherches par la suite et pousser vers des nouvelles connaissances de ses origines obscures.

     La flexibilité de la 3D peut également être utilisée, en plus de modéliser ce qui a pu exister, pour envisager ce qui n'a jamais existé. Ce concept semblant impossible s'applique notamment à l'intérêt potentiel d'une restitution du grand projet envisagé par Hugues de Semur pour Cluny. Les dessins de K. J. Conant du xxe siècle essayaient de capter l'ensemble initial de l'église, qui n’arrêtait pas de se transformer et de s'aménager . Dans le même esprit, la restitution en 3D faite de l'ensemble de Cluny II, Cluny III et de la galerie orientale du cloître, montre la succession des constructions dans le même espace, y compris la préservation de vieux chapitres, la disparition de Cluny II, et la préservation des tombeaux . Dans une image rendue, les formes ne sont pas réalistes, mais donnent un aperçu des emplacements et de l'ensemble du temps . Cette flexibilité d'une restitution en 3D de l'ensemble de l'espace et du temps nous permet d'explorer plus loin que les formes, comme des questions sur la circulation, qui est, à Cluny, souvent très complexe.

     

     Pour la chapelle-des-moines à Berzé-la-Ville, le travail en 3D a été utilisé pour décrypter le programme des peintures murales. Une organisation géométrique des origines byzantines se retrouve souvent dans les peintures murales romaines en Europe,  exigeant des descriptions pour qu'elles soient comprises dans toutes leurs dimensions. Une approche appelée photomodélisation a permis à G. Lemeunier de mettre en place les peintures murales sur un modèle de la chapelle-des-moines et d’appliquer ensuite des théories de structures géométriques . La modélisation en 3D a permis une analyse globale de l'ensemble depuis un point physique qui n'existe pas normalement. Dans le cas de la chapelle, cette méthode d'analyse des structures géométriques dans les peintures a aidé également à construire des hypothèses sur la connexion entre les peintures murales et les proportions de la chapelle elle-même construite depuis des cercles et des rectangles d'or .

     En dehors des buts strictement scientifiques, il existe beaucoup de possibilités pour l'utilisation de la 3D d'une façon didactique. Dans certaines écoles médicales il y a déjà des programmes d'enseignement en 3D comme MIDEN pour apprendre l'anatomie, ou faire des dissections depuis des modèles virtuels . Pour l'industrie de l’aviation, l'utilisation des simulations pour l’apprentissage des pilotes est une pratique standard – il y a même des versions de simulateurs diffusées pour un public enthousiaste, comme « Flight Simulator X » par Microsoft. L'archéologie peut faire de même, dans le sens où elle peut profiter de visualisations en 3D dans l’apprentissage de la morphologie des bâtiments d’après des découvertes.

    Un bon exemple de la 3D utilisée à but pédagogique est la restitution de l'ancienne église de Sainte-Marie à Savigny, disparue après la révolution . Ce projet visait à restituer quatre phases de construction très complexes de l'église entre le xe et le xvie siècles, qui seront utiles pour la préservation des maçonneries du moyen âge dans les structures actuelles de la ville . La restitution en 3D fut effectuée par l'infographiste Rénato Saleri, uniquement avec des informations archéologiques . Au premier regard, ce projet semble partager plusieurs aspects avec ceux de la recherche : il veut représenter un site complexe et disparu et réaliser une conceptualisation de l'église comme nous ne l’avons jamais vu. Le projet est considéré comme fortement pédagogique cependant, parce que le but du modelage est de montrer l'ensemble des connaissances d'un bâtiment disparu et n'est pas focalisé sur le processus scientifique, comme le projet de restitution en 3D de l'abbaye de Saint-Jacques à Doue réalisé par moi-même en collaboration avec le CNRS. Ce projet de restitution de la petite abbaye romane a eu pour but de restituer les trois grandes phases de sa construction entre ses origines au milieu du xiie siècle et le xve siècle. À Saint-Jacques, le projet contribue à créer une image intégrale et temporelle de l'église, aujourd'hui en ruines. Il vise, comme à Sainte-Marie à Savigny, par sa représentation à retranscrire la transformation de l'église en plusieurs phases, pour faciliter la compréhension, ce qui aurait été difficile vue la masse d'informations archéologiques .

    Un autre exemple d'une restitution faite pour des buts pédagogique est le modèle de l'ancien pont du Change à Lyon, construit vers 1020 et détruit en 1846, ne laissant aucunes traces aujourd'hui . Commandé par le DRAC du groupe Aria en 2002, ce projet visé non seulement à faire connaître le fameux pont emblématique disparu de Lyon, mais aussi à faire progresser nos compréhensions sur sa construction et son architecture . Par rapport à la restitution de Sainte-Marie, ce projet a disposé de peu de ressources, reposant sur plusieurs photos et images fragmentés du pont .

    Ces utilisations de restitution tridimensionnelle pour les intérêts de l'histoire de l'art et de l’archéologie génèrent assez d’intérêt pour avoir créé et agrandi un nouveau marché pour la création et la formation. On peut prendre pour preuve l'apparition des architectes infographistes spécialisés en patrimoine comme Rénato Saleri et le groupe Aria ainsi que l’émergence des nouvelles méthodes pour rendre l'information 3D comme la scanographie par laser et la photogrammétrie utilisés par Tallon et Lemeunier dans leurs projets respectifs à Nôtre Dame et la Chapelle des Moines. Enfin, les universités qui commencent à offrir des formations sur ces nouvelles techniques de travail en 3D comme l'École Nationale Supérieur d'Architecture de Marseille, avec son cours « Méthodes et outils pour le relevé et la représentation numérique de l’architecture », indiquent que l'intérêt de l’utilisation de la 3D en histoire de l'art ne fait que progresser.

    Dans le champ d’archéologie et d’histoire de l’art, il est difficile de ne pas mentionner l'importance et l'utilité des restitutions en 3D. Que ce soit pour permettre une nouvelle compréhension de Saint Nizier, la promotion des connaissances d'une ancienne forme de l'abbaye en ruine à Doue et Cluny, ou enseigner, consolider, recréer pour la recherche, la 3D est en train de révolutionner nos capacités de visualisation des formes et des informations diverses ainsi que de poser des questions à nos travaux en cours ou passé.

     

    Alexander Garkusha

     

     

     

    BIBLIOGRAPHIE

     

    - C. Père, J. Rollier (éd), ARCH-I-TECH 2010 (actes de colloque : Bordeaux, 2011), Archéovision/Ausonius, 2011.

     

     

     

     

     

     

     

  • L’archéothanatologie

    L’archéothanatologie

     

    Nouvelle archéologie de la mort

     

    1 Aquarelle japonaise anonyme du XIXe siècle décrivant les temps successifs qui marquent l'évolution d'un dépôt funéraire.

     

     

    Master 2 professionnel « Archéologie de l’objet, du bâti et du site », année 2015/2016

    Léa FRANCOIS (n°2113796)

     

     

    Le cadavre se conjugue au passé, au futur et au présent. Il est objet d’oubli dans la longue histoire, objet d’attachement et source de mémoire dans le futur proche et dans le présent. Il constitue une frontière entre l’être (la pensée) et le néant (l’impensable). Il est aussi et surtout désincarnation. Entendons ce terme dans son acception première, à savoir la dissolution de l’être à travers la dissolution de ses chairs. Le cadavre est un objet de confins par excellence.

     

     

    Histoire et définition

    Retraçons l’historique de l’archéo-thanatologie à travers les mots d’Henri DUDAY, pionnier de la discipline. Il s’agit d’ « une manière nouvelle d’aborder l’archéologie des morts » . Le cadavre a pris de plus en plus de place au fil des années dans le paysage de l’archéologie. Avant l’ « invention de la discipline », l’archéologie funéraire s’occupait principalement de l’architecture de la tombe, de sa décoration, des inscriptions éventuellement présentes et du mobilier (matériel d’accompagnement du défunt). Le défunt lui-même paraissait très secondaire dans l’étude. L’archéothanatologie ou archéo-anthropologie le place au contraire « au centre du discours sur la morts » .

     

    Les débuts de l’archéo-thanatologie en France :

     

    Ce rééquilibrage fait suite, selon Henri DUDAY à plusieurs évènements  :

    - La fouille des Mournouards  menée par  LEROI-GOURHAN a eu un gros impact dans le milieu archéologique et surtout préhistorique. Elle a fait l’objet d’une publication aboutie et rapide avec « ses réflexion sur la quantification différentielle, sur les réinterventions… ». « L’école Leroi-Gourhan » organise par la suite des séminaires lors desquels il n’était pas encore question de « cadavre » mais tout de même de squelette. On ne parle pas encore alors de décomposition. Le discours porte essentiellement sur les os. Il a fallu restituer les gestes des vivants et pour cela prendre en compte l’ensemble du contenu de la sépulture. « De nouvelle méthodes de fouilles et de travail en laboratoire furent mises au point » .

     

     

    2 - Les Mournouards :

    le bas-côté A, 3 à 5 lors de l’ouverture. A gauche on voit les corps en connexion complète et deux crânes qui furent probablement déplacés lors de la découverte. A droite au fond, quelques crânes groupés apparaissent.

     

     

    - Le deuxième, toujours selon Henri DUDAY, serait le travail, moins diffusé, conduit par Jean COURTIN dans l’hypogée des Crottes à Roaix en 1966 . Il s’agit d’une réflexion et d’une expérience sur les méthodes d’enregistrement. Ce travail a particulièrement marqué Henri DUDAY dans son approche de l’archéologie funéraire.

     

     

    3 - Roaix. Hypogée des Grottes, niveau supérieur

     

    - En 1982 Henri DUDAY et Claude MASSET (qui poursuivait les travaux de Leroi-Gourhan en matière d’archéologie funéraire), ont organisé à Toulouse un colloque entièrement « consacré à l’archéologie de la mort, mais vue au travers de l’archéologie des morts et pas des objets ni des inscriptions ». La communauté scientifique s’y est intéressé : Michel DE BOUÄRD et André LEROI-GOURHAN sont même venus. C’est, en quelque sorte, l’acte fondateur de l’archéo-thanatologie.

     

    4 - Couverture des actes du colloque de 1982 à Toulouse

     

     

    Ainsi naquit une véritable approche archéo-anthropologique originale, « envisageant non seulement l’étude biologique des inhumés, mais également l’observation in situ des faits ayant prévalu à cette inhumation et l’étude de la dynamique des sépultures »

    De l’anthropologie de terrain à l’archéothanatologie

    Il s’agit d’une expression inventée par Henri DUDAY et Claude MASSET peu de temps après le colloque de 1982. Ils revenaient ainsi sur le terme d’ « anthropologie physique » qu’il convient de remplacer par anthropologie biologique. En outre, ils désignaient de cette manière l’union des deux disciplines que sont l’anthropologie et l’archéologie : l’anthropologue étudiant les os trouvés par l’archéologue. Mais l’expression ne faisait pas l’unanimité : « J’ai pris l’habitude de dire que dans l’expression anthropologie de terrain, le seul terme qui ne fait pas de problème  est ″de″ » . Les deux chercheurs ont alors décidé de faire entrer en jeu le terme de « thanatologie », une science qui existe depuis longtemps, créant ainsi l’expression « archéothanatologie », l’archéologie de terrain étant alors partie constituante de cette dernière.

     

    L’archéothanatologie ou archéo-antropologie mélange donc les disciplines : l’archéologie et l’étude de l’homme en tant qu’être biologique et culturel. Mais aussi l’Histoire, la démographie, la médecine légale, l’épidémiologie. L’archéo-anthropologie leur emprunte des concepts et des méthodes, les transforme et les adapte afin de créer sa propre méthodologie et répondre à de nouvelles problématiques croisées. De cette façon, elle appréhende « ce que fut la place des morts dans les sociétés du passé » .

    Elle tend donc vers :

    - la définition des pratiques funéraires (rituel)

    - le mode de recrutement du cimetière (qui est enterré? = paléodémographie)

    - l’organisation interne du cimetière (répartition spatiale, typologie des tombes)

     

     

     

    Méthodes de l’archéo-anthropologie funéraire

     

    L’apport de la médecine et de la médecine légale

    Définition de l’anthropologie biologique  : « L’anthropologie biologique est centrée non pas sur l’être culture qu’est l’Homme, mais sur sa réalité biologique. Elle prend en considération le devenir du cadavre depuis son inhumation / sa crémation, jusqu’à sa mise au jour en cours de fouilles. Elle puise ses outils dans l’anatomie, la paléopathologie, la démographie, l’épidémiologie, la taphonomie, la génétique… ».

    Quand Henri DUDAY décide de faire de l’archéologie son projet professionnel, avec un intérêt tout particulier pour le corps humain et son squelette, il se tourne vers la faculté de Médecine. En effet, à l’époque, seules les facultés de Médecine enseignait tout ce qui touche à la biologie de l’Homme . Il a donc fait de la médecine pour faire de l’archéologie. C’est notamment la médecine légale qui lui apporte alors les réflexions nécessaires sur la décomposition des corps : le passage du cadavre au squelette, la réflexion sur les conditions de décomposition, les produits organiques issus de la décomposition, l’archéologie n’en parlait alors pas. Ces connaissances ont alimenté les recherches d’Henri DUDAY en matière de taphonomie du cadavre (processus qui interviennent après la mort d’un organisme). Il s’est toujours trouvé des archéologues qui prenaient le temps de faire de telles observations, mais ils ne comparaient pas avec ce qui se faisait ailleurs. Il se lance alors, avec le soutient du Ministère de la Culture, dans la formation systématique des archéologues funéraire à l’ostéologie humaine et au processus de décomposition. Il souligne pourtant que la médecine légale n’a pu tout lui apporter. En effet, les légistes ne pouvaient expérimenter, pour des raisons éthiques , les archéologues ont donc du avancer à doucement, à force d’ouverture de tombes, d’observations et de corrélations. Petit à petit, ils ont pu monter une chronologie de la mort (« lâchage des articulations), notamment suivant les différents contextes : espace colmaté, espace vide, bioturbations, climats… « L’archéothanatologie élabore ses outils en même temps qu’elle fonctionne » .

    En revanche, les cours suivis par Henri DUDAY, en médecine légale sur les escouades d’insectes qu’on nomme « les travailleurs de la mort », sont à l’origine d’une prise de conscience sur l’intérêt de prendre en compte l’entomologie dans les réflexions d’un archéologue du funéraire.

     

    Démarche de l’archéothanatologue

     

    - La fouille : de la tête vers les pieds dans la mesure du possible. De petits outils permettent une fouille précise et respectueuse des os. Il faut fouiller à la fois le squelette et la fosse dans laquelle il a été inhumé (fosse, calage, mobilier…)

    - Relevé topographique et relevé graphique

    - dessin

    - Photos zénithales générales et détails, photos obliques (pour se rendre compte du volume). Ces photographies servent pour le rapport finale mais elle aident aussi au démontage

    - Un enregistrement rigoureux et adapté : mise en place de problématiques menant à des fiches utilisées lors des démontages sur le terrain puis lors des synthèses en post-fouille. Cet enregistrement comprend notamment des prises d’altitude sur certaines parties du squelette

     

     

    - Lavage et inventaire précis des ossements

     

    - Traitement en laboratoire : carbone 14, prélèvements et analyses pour tenter de trouver des informations sur les conditions de vie et les pathologies éventuelles : alimentation, maladies congénitales, troubles de la croissance, carences, maladies des os (arthrose..) etc.

     

    5 A gauche, fémur ne présentant aucune lésion. Au centre os présentant les stigmates de la maladie de Paget, à droite os atteint de myosite ossifiante

     

    - Synthèse pour rapport final : Elle reprend toutes les remarques de terrain sur le squelette et l’organisation de la sépulture, la nature du ou des sédiment(s), les résultats d’analyses sur les os et les différents prélèvements s’il y a lieu. Elle dresse aussi des comparaisons qui permettront de replacer la nécropole, les cimetières, le charnier, la sépulture simple… dans ce qui est déjà connu et ainsi d’alimenter la Recherche.

     

     

    Exemples de l’apport de l’archéothanatologie à l’archéologie et aux sciences humaines en générale

    ● Dans le magazine L’Histoire, Henri DUDAY raconte une de ses découvertes et ce qu’elle implique :

    « J’ai repéré sur un squelette de femme qui datait du Mésolithique (8000-6000 avant notre ère) une étrange particularité qui tenait à la position des deux derniers doigts d’une main, repliés sur eux-mêmes. Cette femme, la « Dame de Bonifacio », avait souffert d’un traumatisme important à l’extrémité inférieure du poignet avec plusieurs fractures, dont une avait lésé un nerf et entraîné une paralysie. D’autres lésions suggèrent l’idée qu’elle était probablement très handicapée et n’avait dû sa survie qu’à l’assistance d’un groupe humain. Ce squelette à la main déformée nous aide à comprendre qu’on pouvait être infirme dans une société de la préhistoire, voilà huit mille ou neuf mille ans. Il y a mieux. L’anthropologue américain Erik TRINKAUS a trouvé en Irak le squelette d’un Néandertalien polytraumatisé : le sujet n’a pu vivre lui aussi, qu’en étant pris en charge par son entourage. Pour l’historien, la preuve d’une solidarité au sein d’une société de cette époque, eu égard à l’image de bestialité que l’on peut en avoir communément, vaut au moins autant que la connaissance de la manière dont elle taillait les silex ou de la variété de son alimentation »

    ● Frédérique BLAIZOT, archéoanthropologue reconnue, explique, dans un article, l’importance de la discipline telle qu’elle est actuellement, l’anthropologie de terrain, pour la mise en place d’une typologie des tombes à inhumation.

    L’archéologie a à cœur d’établir des typologies et des typo-chronologies, y compris pour les sépultures. Il s’agit alors, à travers les modes de construction, de retracer l’évolution des pratiques funéraires, d’identifier des identités régionales et de différencier les individus en termes de statuts au sein des sociétés. Pour arriver à l’établissement d’une telle typologie, les archéologues s’appuyaient essentiellement sur les éléments d’architectures conservés en association avec le mobilier. Frédérique BLAIZOT fait alors remarquer que si une sépulture ne possédait pas « ni traits formels distinctifs apparents, ni mobilier », on ne savait pas comment l’intégrer à une typologie. Cependant, de nouveaux outils sont apparus ces dernières années, notamment avec l’anthropologie de terrain. « On constate que l’apport principal qui a été retenu de l’anthropologie de terrain est celui de la définition du milieu de décomposition (espace vide/espace colmaté) ». En réalité, le milieu de décomposition n’est que le premier stade de l’interprétation. L’archéothanatologie doit alors dépasser ce stade pour parvenir à une restitution architecturale. « L’analyse archéo-anthropologique aboutit en réalité à la mise en évidence d’anomalies qui résultent des contraintes exercées sur le squelette par le réceptacle du corps en fonction du milieu dans lequel le corps a évolué et de l’attitude qui était la sienne au moment du dépôt ».

    Il s’agit là encore d’un sujet de réflexion de l’archéothanatologie.

     

    Les limites de la recherche :

     

    La paléodémographie : « L’étude démographique d’une population dans son exhaustivité archéologique est un préalable à toute synthèse sur une société et ses évolutions » .

    Aujourd’hui, la composition des cimetières est représentative de la réalité démographique contemporaine. Mais les données archéologiques recueillies, elles, sont incomplètes. Elles sont perturbées par trois « biais démographiques ».

    - Le mode de constitution de la nécropole peut ne pas être représentatif de l’ensemble de la population (ex : cimetière d’abbaye, pas de sépultures d’enfants). Phénomène de relégation d’une population ? Les individus qui vivaient sur le site ont-ils été inhumés sur le territoire ?

    - L’érosion des données : glissements de terrain, acidité du sol. Certains phénomènes peuvent faire disparaitre certaines couches et les populations qui vont avec.

    - Le caractère « parcellaire » de la fouille : on ne peut pas souvent tout ouvrir, les données sont donc forcément incomplètes.

    Les résultats des recherches en matière de paléodémographie doivent donc être nuancés et les populations archéologiques ne doivent pas toujours être considérées comme significatives. En revanche, les grandes tranchées ouvertes dans des cas d’épidémies, comme pour la peste, sont davantage un échantillon fidèle de la population vivante puisque la maladie ne fait pas de choix dans ses victimes. « La recherche actuelle tente d’établir des modèles types de population à partir de la plus grande quantité et diversités des données anthropologiques. »

    Pour que l’étude se fasse, il faut donc prendre ces biais en compte puis répondre à certaines questions :

    - Proposition d’ « estimateurs paléodémographiques » pour les populations concernées : espérance de vie à la naissance, taux de natalité, taux de mortalité infantile, taux de fécondité… Il faut pour cela déterminer au mieux et si possible l’âge et le sexe des défunts.

    - Interrogation des mécanismes des structures archéologiques : comprendre l’organisation de la nécropole par exemple.

     

     

    L’archéologie funéraire à Lyon : quelques exemples

     

     

     

    6 Logo du projet d'ostéothèque de la Ville de Lyon

     

     

    ●  La première, La basilique Saint-Laurent de Choulans, fouillée en 1947, a suscité un intérêt anthropologique. L’étude ostéologique a été menée par André LEROI-GOURHAN et son élève Hélène BALFET. Ces derniers ont lancé des analyses morphologiques et métriques sur les restes osseux, malheureusement seulement sur les crânes. Ils voulaient établir des types ethniques et caractériser la population « franco-burgonde » de la nécropole. Il s’agit alors d’une approche partielle qui a eu pour conséquence le prélèvement, non systématique, unique du bloc crânio-facial des squelettes exhumés.

     

    ● Avec la naissance de l’anthropologie de terrain (puis de l’archéothanatologie), la fouille de la nécropole de la Favorite (Lyon 5e arr.) met au jour 488 vestiges funéraires entre 1983 et 1985, sur 3600 m². Encore aujourd’hui, il s’agit d’une référence lyonnaise pour les méthodes de l’anthropologie de terrain et pour les avancées en matière de pratiques funéraires du Haut-Empire.

     

    En 2010 on comptait « 110 opérations avec structures funéraires, soit 2239 faits funéraires sur territoire de Lyon intra-muros englobant les inhumations primaires, les ossements en position secondaires, les dépôts de crémation, les bûchers » .

     

    A ces 110, l’année 2015-2016 a amené notamment :

    - un grande fouille archéologique conduite par l’INRAP : une nécropole Haut Moyen-Age situées près de la place Wernert (Lyon 5e arr.).

    - Les fouilles menées par Eveha sur le site du 1 rue Appian : elles ont surtout permis de révéler une nécropole du IVe siècle.

    - Un peu en dehors de Lyon : Les fouilles menées par Eveha sur le site d’En Pierre Blanche à Saint-Vulbas (Ain). Les investigations archéologiques ont permis de mettre au jour une partie d’une nécropole datant de l’Antiquité.

    - Sur le site de l’Hôtel Dieu : différents cimetières et fosses (pour l’ancien hôpital, mais aussi des inhumations protestantes, juives… XVIIe et XVIIIe siècle et plus ancien encore.

     

    Le fait funéraire est donc omniprésent en archéologie si bien même que pour 2016, l’Ecole Française de Rome lance un appel à candidature pour deux doctorants ou chercheurs accueillis en formation à l’archéologie funéraire.

     

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    1 GUY Hervé, JEANJEAN Agnès, RICHIER Anne, « le cadavre en procès – Introduction », Technique et Culture, 60, 2013.

    2 BERENSON Edward, « Profession archéothanatologue », L’Histoire, 363, 2011.

    3 idem

    4 DUDAY Henri, GUY Hervé, JOULIAN Frédéric, « Cadavres exquis. Entretien avec Henri Duday « archéo-thanatologue » », Technique et Culture, 60, 2013.

    5 « Les travaux de creusement d'une citerne ont provoqué, en 1958, la découverte de deux grottes sépulcrales creusées dans la craie au lieu-dit « Les Mournouards » au Mesnil-sur-Oger (Marne). », LEROI-GOURHAN André, BAILLOUD Gérard, BREZILLON Michel, MONMIGNAUT Claire « L'hypogée II des Mournouards (Mesnil-sur-Oger, Marne) », Gallia préhistoire, 5, fascicule 1, 1962.

    6 BLIN Arnaud, « Une nouvelle analyse de l’hypogée néolithique des Mournouards II au Mesnil-sur-Oger (Marne) », Revue archéologique de l'Est, 61, 2012

    7 « L’hypogée des Grottes ou de Roaix est situé à environ 6km à l’ouest de Vaison-le-Romaine. […] Ce chercheur (Jean COURTIN) a pu mettre en évidence deux niveaux sépulcraux séparés par un épisode stérile », BOUVILLE Claude, « L'hypogée chalcolithique de Roaix. Apport à l'étude de la démographie en Provence », Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, 7, 1980.

    8 SIGNOLI Michel, « L’archéo-anthropologie funéraire », Socio-anthropologie, 22, 2008.

    9 DUDAY Henri, GUY Hervé, JOULIAN Frédéric, « Cadavres exquis. Entretien avec Henri Duday « archéo-thanatologue » », Technique et Culture, 60, 2013.

    10 SIGNOLI Michel, « L’archéo-anthropologie funéraire », Socio-anthropologie, 22, 2008.

    11 Définition tirée d’un cours d’Emma BOUVARD (SAVL) « La mort à Lyon et les archéologues Intégration de l’archéo-anthropologie dans le processus d’archéologie préventive ». Mars 2011.

    12 DUDAY Henri, GUY Hervé, JOULIAN Frédéric, « Cadavres exquis. Entretien avec Henri Duday « archéo-thanatologue » », Technique et Culture, 60, 2013.

    13 BERENSON Edward, « Profession archéothanatologue », L’Histoire, 363, 2011.

    14 idem

    15 BERENSON Edward, « Profession archéothanatologue », L’Histoire, 363, 2011.

    16 BLAIZOT Frédérique, « Réflexions sur la typologie des tombes à inhumations : restitution des dispositifs et interprétations chrono-culturelles », Archéologie Médiévales, 38, 2008

    17 http://www.atlas-patrimoine93.fr/documents/patrimoine_en_SSD_18.pdf

    18 idem

    19 Exemples tirés de l’intervention d’Emma BOUVARD, « Un projet d’ostéothèque à la Ville de Lyon » pour le séminaire Axe « funéraire » de l’UMR 7268- Anthropologie bioculturelle, Droit, Ethique et Santé Faculté de Médecine - Secteur Nord Université de la Méditerranée, 1er mars 2012.

    20 Chiffres tirés de la base de données archéologiques ALyAs en août 2010.

     

     

     

     

    Recommandations de lectures, de visionnages et d’écoutes

    « Le traitement funéraire des enfants décédés avant un an dans l’Antiquité : études de cas » : http://bmsap.revues.org/560

    « Estimation de l’âge au décès des sujets adultes à partir du squelette : des raisons d’espérer » : http://bmsap.revues.org/256

    « L'antiquité des tréponématoses dans l'Ancien Monde: évidences historiques, archéologiques et paléopathologiques » : http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1998_num_10_3_2525

    « Le crâne «romain» d'Arles : une syphilis frontale et naso-palatine post-colombienne, apport des nouvelles méthodes de datation C14 en paléopathologie » : http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1998_num_10_3_2522

    « Maladies dans l'Antiquité et au Moyen-Âge. Paléopathologie comparée des anciens Gallo-Romains et Hongrois » : http://www.persee.fr/doc/bmsap_0037-8984_1997_num_9_1_2472

    « Y-a-t-il un cadavre dans la tombe – Paroles d’archéologues » : https://tc.revues.org/6876

     « Archéologues et ethnologues face aux cadavres » : http://www.franceculture.fr/emissions/le-salon-noir/archeologues-et-ethnologues-face-aux-cadavres

    « Les experts de l’archéologie : l’anthropologue » : https://www.youtube.com/watch?v=ffaNVJeQ3tY

    « Restituer la matérialité du traitement des morts et le devenir des défunts : les notions de sépulture finale et de chaîne opératoire mortuaire à la lumière des données archéologiques de Manihina (île de Ua Huka, archipel des Marquises) » : http://www.mae.u-paris10.fr/pascal-sellier-restituer-la-materialite-du-traitement-des-morts-et-le-devenir-des-defunts-les-notions-de-sepulture-finale-et-de-chaine-operatoire-mortuaire-a-la-lumiere-des-donnees-archeologiques/

     

    Bibliographie et sitographie

    BERENSON Edward, « Profession archéothanatologue », L’Histoire, 363, 2011.

    BLAIZOT Frédérique, « Réflexions sur la typologie des tombes à inhumations : restitution des dispositifs et interprétations chrono-culturelles », Archéologie Médiévales, 38, 2008

    BLIN Arnaud, « Une nouvelle analyse de l’hypogée néolithique des Mournouards II au Mesnil-sur-Oger (Marne) », Revue archéologique de l'Est, 61, 2012.

    BOUVILLE Claude, « L'hypogée chalcolithique de Roaix. Apport à l'étude de la démographie en Provence », Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, 7, 1980.

    DUDAY Henri, GUY Hervé, JOULIAN Frédéric, « Cadavres exquis. Entretien avec Henri Duday « archéo-thanatologue » », Technique et Culture, 60, 2013.

    DUDAY Henri, COURTAUD Patrice, CRUBEZY Eric, SELLIER Pascal, TILLIER Anne-Marie, « L’anthropologie de terrain : reconnaissance et interprétation des gestes funéraires », Bulletins et mémoires de la société d’anthropologie de Paris, numéro spécial, 2, 3-4, 1990.

    GUY Hervé, JEANJEAN Agnès, RICHIER Anne, « le cadavre en procès – Introduction », Technique et Culture, 60, 2013.

    LEROI-GOURHAN André, BAILLOUD Gérard, BREZILLON Michel, MONMIGNAUT Claire « L'hypogée II des Mournouards (Mesnil-sur-Oger, Marne) », Gallia préhistoire, 5, fascicule 1, 1962.

    SIGNOLI Michel, « L’archéo-anthropologie funéraire », Socio-anthropologie, 22, 2008.

    http://www.inrap.fr/magazine/L-archeo-anthropologie-funeraire/Accueil#L'archéo-anthropologie funéraire

    http://www.atlas-patrimoine93.fr/documents/patrimoine_en_SSD_18.pdf

    http://www.archeologie.lyon.fr/archeo/sections/fr/le_service/equipe/competences/archeo-anthropologie/

    http://www.eveha.fr/wp-content/uploads/2014/09/fiche_anthropo.pdf

     

     

    Léa FRANCOIS

     

     

     

  • Les stages

    Les stages

    La formation du Master 2 Professionnel se fait en deux temps. Le premier est consacré au suivi des cours proposés par l’Université. Ils concernent des notions pratiques de l’archéologie à développer dans le milieu professionnel. Tandis que le second est dédié exclusivement à la réalisation d’un stage. Selon toute vraisemblance ce master s’adresse à des personnes désireuses d’approfondir des techniques de l’archéologie qui n’auraient pas été suffisamment approchées auparavant. Dans les faits la formation n’est pas réservée aux seuls archéologues. Elle est ouverte à des personnes ayant un profil plus orienté sur l’histoire ou encore la muséographie. Si bien que les stages du second semestre peuvent avoir des horizons très différents.

    Les cours enseignés relèvent quasi exclusivement de la phase dite de « post fouille ». On pourrait isoler de ce groupe l’enseignement de topographie où même si l’essentiel du cours porte sur des notions théoriques, le relevé sur le terrain est abordé. Ainsi selon la logique, on pourrait tendre à vouloir réaliser un stage de traitement des informations issues d’une fouille archéologique pour mettre en pratique les notions apprises. Toutefois cela n’est pas aussi évident. En effet, la formation de ce Master tend à insérer l’étudiant dans le monde professionnel après l’année. Il semble alors cohérent d’intégrer une entreprise pour parvenir à cette fin. Mais cette dernière prendra moins facilement un étudiant stagiaire pour une phase d’étude car elle a souvent déjà à sa disposition ses salariés, spécialistes dans leur domaine.

    Cette information prise en compte, l’étudiant peut escompter obtenir un stage pour réaliser du terrain plus facilement. Que ce soit à l’échelle nationale ou dans notre région lyonnaise, plusieurs voies s’ouvrent à lui. L’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), les services de collectivités territoriales ou les organismes privés peuvent recourir à des stagiaires. Quelle que soit l’entreprise, le travail attendu est le même concernant les méthodologies de travail. Les techniques de fouilles sont à appliquer selon les structures archéologiques rencontrées. La fouille d’une fosse ou d’une sépulture est basée sur le même principe, l’attention accordée à l’une ou à l’autre peut varier. La seule vraie différence que l’on peut noter concerne le moyen de documenter la structure. L’enregistrement d’un squelette au sein d’une sépulture requiert un relevé précis de la position des ossements par exemple. Un stage de terrain permet selon toute vraisemblance d’aborder la quasi-totalité des questionnements d’une fouille archéologique préventive. Les méthodes doivent être précises et rigoureuses car à l’inverse d’une fouille programmée, les délais sont très courts. Des décisions difficiles sont parfois prises par le responsable d’opération sur l’avancement des opérations de terrain.

    Selon certains organismes, les techniques d’enregistrements ont une tendance plus « moderne ». En effet, certains opérateurs se sont dotés des dernières technologies existantes. Le remplissage des données de terrain n’a parfois plus lieu sur un format papier, mais sur tablette tactile et ordinateur portable sur le terrain. Cette méthode a pour avantage d’anticiper le travail après la fouille en créant d’ors et déjà les versions numériques attendues. De ce fait, l’étudiant pourrait déjà mettre en application les notions vues en cours dans un organisme utilisant ce procéder.

    Avec de la chance, si l’étudiant montre des capacités évidentes lors d’une phase de terrain, il sera peut-être possible pour lui de prolonger son stage lors de l’étude.

    Les modalités de la formation universitaire instaure de devoir réaliser un stage d’au minimum quatre mois dans un ou plusieurs organismes. Réaliser un stage de ce type dans une seule entreprise aurait l’avantage de se faire connaître par cette dernière et d’éventuellement pouvoir travailler avec elle par la suite. Malheureusement selon la conjoncture actuelle, les chantiers immobiliers sont plus rares, et par conséquent, il en est de même pour les chantiers archéologiques. De cette façon, l’étudiant devra peut-être réaliser des stages plus courts au sein de plusieurs entreprises. Cet inconvénient de prime abord pourrait être renversé en avantage et permettrait ainsi de connaître plus d’entités archéologiques.

    Si toutefois l’étudiant ne voulait pas réaliser un stage au sein d’un opérateur d’archéologie préventive, il pourrait se tourner vers d’autres organismes aux fins culturelles. Par exemple des musées ou bibliothèques où le travail d’inventaire d’oeuvres ou d’archivages de données serait une bonne mise en application de certains cours complémentaires dispensés par la formation.

     

    Julian Castelbou.

     

     

  • Méthodologie d’une étude céramique en vue de la rédaction d’un rapport de fouille

     

    Lors d’une fouille archéologique, les artefacts collectés doivent être étudiés par des spécialistes. Dans le cas présent, c’est le céramologue qui se charge du mobilier céramique. Après la collecte sur le chantier, toutes les céramiques sont lavées, séchées et conditionnées en fonction de l’unité stratigraphique à laquelle elles appartiennent.

    Une fois ce travail préalable effectué, les céramiques sont triées par catégorie technique. Elles seront réparties au sein de trois grandes familles de céramiques correspondant aux trois usages principaux : Céramiques fines ou vaisselle de table ; Céramiques communes ou vases culinaires pour cuire, préparer, stocker ; Amphores ou conteneurs destinés à transporter les denrées sur des longues distances.

    1. Les différentes catégories techniques

    Une étude céramique s’appuie sur un tri préliminaire fondé sur la présence de différentes catégories techniques. Celles-ci sont déterminées à partir de plusieurs critères. Les observations techniques sont les premières prises en compte : mode de cuisson, mode de façonnage, type d’argile utilisé, présence ou absence d’un engobe ou de décors. S’ajoutent à cela des critères d’ordre géographiques et chronologiques. Bien que différents des premiers, ils permettent d’appréhender plus justement les notions de commercialisation et d’évolution des marchés dans le temps et dans l’espace. Les différentes catégories pourront également donner une idée de la chronologie, en effet, la céramique est un marqueur culturel qui évolue au cours du temps, en ce qui concerne ses techniques et ses caractéristiques.

    a. Les céramiques fines

    Les céramiques fines représentent l’ensemble des productions liées au service, à la table et à la consommation des aliments. A la différence des céramiques communes, elles sont constituées en grande partie de mobilier importés et donc provenant de régions plus ou moins éloignées. Elles présentent le plus souvent une pâte fine et pure ainsi que parfois un vernis, un engobe ou encore un décor.

    Voici quelques exemples de céramiques fréquemment retrouvés en Rhône Alpes à l’époque romaine:

    - Céramique peinte.

    Cette catégorie regroupe un ensemble de productions présentant un engobe argileux non grésé déposé en bandes blanches et rouges en surface et associées à des motifs peints après cuisson. La nature des pâtes rend compte de différents lieux de productions et de différentes époques. Les pâtes claires calcaires sont ainsi attribuées aux productions de la Loire en particulier à l’agglomération romaine de Roanne (Genin Lavendhomme 1997). Les productions à pâte marron-brune non calcaire présentant parfois un dégraissant de quartz visible sont en revanche attribuées aux ateliers de St-Romain-en-Gal (Leblanc 1995).

     

    - Céramique à paroi fine

    Cette catégorie recouvre des productions dont la pâte est très fine. On distingue plusieurs types de parois fines déterminés selon les origines et les époques de productions.

     

    - Céramique sigillée italique

    Les productions de céramiques sigillées italiques sont caractérisées par des vases présentant une pâte calcaire beige claire recouverte d’un vernis argileux plutôt mat aux couleurs rouge à brune. Ce type de production très standardisé apparaît en Italie dans la région d’Arezzo à la fin du Ier siècle avant J.-C.

    (Goudineau 1968) et connaît une commercialisation à grande échelle grâce à la présence militaire, notamment sur les camps du Limes rhénan tels que Haltern, Oberaden ou Dangstetten (Ettlinger et al. 1990).

     

    - Céramique sigillée de Gaule du Sud

    Cette catégorie rend compte de productions des ateliers de la Graufesenque et de Montans. Leur pâte est généralement reconnaissable à sa couleur rose saumonée à points de chaux blancs. L’engobe est le plus souvent d’un rouge soutenu et brillant. Héritier de la sigillée arétine dans son façonnage et son mode de cuisson, ce type de production est également très standardisé. Il apparaît à l’époque tibérienne et perdure largement jusqu’au IIIe siècle apr. J.-C.. Sa diffusion dépasse largement le cadre de la Gaule puisqu’elle touche l’ensemble du monde romain. Le répertoire de formes lisses et décorées, très diversifié, constitue ainsi un outil privilégié pour la datation de niveaux archéologiques (Genin 2007).

     

    - Céramique sigillée de Gaule du Centre

    La sigillée de Gaule du Centre diffère de son homologue méridionale par une pâte micacée plus claire allant du beige à l’orange. Son revêtement engobé est également plus poreux de couleur orangée. Si les premières productions à vernis non grésé datent du règne d’Auguste, il faut attendre le règne de Tibère pour voir apparaître les premiers exemplaires en vraies sigillées dont le répertoire se calque largement sur celui de Gaule méridionale. (Bet, Delor 2002).

     

    - Céramique métallescente

    Cette catégorie technique renvoie à des vases produits à Lezoux mais aussi dans le nord de la France en pays trévire au cours des IIe et IIIe siècles apr. J.-C. (Desbat, Picon 1996) On les reconnait à leur pâte claire beige, parfois rouge et à leur revêtement noir aux reflets métallescents, d’où leur nom. Très prisée dans la région, elle témoigne d’un répertoire de formes original.

     

    b. Les céramiques communes

    On désigne sous ce terme l’ensemble des vases servant au service, au stockage, ou à la préparation et à la cuisson des aliments. Ce sont en général des productions locales voire régionales qui ne font pas ou peu l’objet de commerce. Les appellations utilisées ici comme exemple pour définir ces différentes catégories techniques ainsi que leur typologique, sont issues de l’ACR «Céramiques communes en Rhône-Alpes » (Batigne-Vallet et al. 2013).

     

    - Les céramiques non tournées grises

    Ce terme définit des productions, cuites en mode B (Picon 2002), présentant une pâte généralement dégraissée variant du gris au noir. Héritées de la tradition indigène, elles ne sont pas tournées mais modelées. Elles peuvent cependant présenter des traitements de surface plus ou moins complexe tels qu’un lissage ou un enfumage.

     

    - Les céramiques non tournées rouges

    Cette catégorie est réalisée en pâte non calcaire et cuite en mode A (Picon 2002). Elle compte notamment les petits pots de stockage et les dolia, récipients de grande contenance servant au stockage des aliments et des liquides ainsi qu’à l’élevage du vin.

     

    - Les céramiques claires à pâte calcaire

    Cette catégorie céramique renvoie comme son nom l’indique à des vases en pâtes calcaires beiges à rosées cuits en mode A. Ce sont des céramiques qui ne résistent pas au feu et servent essentiellement

    au stockage et au service des denrées liquides ou solides. Plusieurs ateliers sont connus dans la région Rhône-Alpes comme ceux d’Aoste (Laroche 1987) et de Saint-Romain-en-Gal (Leblanc 2001).

     

    - Les céramiques tournées grises

    Cette catégorie renvoie à des céramiques cuites en mode B, la pâte est de couleur noire à grise claire. Elles sont très utilisées pour la préparation, la cuisson et le stockage des aliments en contexte gallo-romain. Elles semblent prendre le relai des céramiques grises non tournées au début du Ier siècle apr. J.-C. (Leblanc 2001).

     

    - Les céramiques tournées rouges

    Cette catégorie est à rapprocher de celle des céramiques tournées grises. Seul le mode de cuisson diffère puisqu’il s’agit de l’emploi du mode A. La pâte est généralement dégraissée et présente une couleur rouge à orangée. Les formes témoignent essentiellement de récipients de stockage, mais certains présentent des traces de feu et auraient donc pu servir pour la cuisson.

     

    c. Les amphores

    Les amphores sont une catégorie à part dans la classification des céramiques. Il s’agit de grands conteneurs à deux anses servant essentiellement au commerce du vin, de l’huile, et du garum. Elles témoignent d’échanges commerciaux courants, parfois à très grande échelle, entre les différentes provinces du monde romain. Ce type de production permet de mieux comprendre les questions des diffusions et de circulation des produits et constitue également un bon indice de romanisation des pratiques alimentaires. Les amphores sont triées en fonction de leur lieu de production.

     

    - Les amphores d’Italie

    Il s’agit exclusivement d’amphores vinaires. Elles proviennent de toute l’Italie. Une importation des amphores italiques en Gaule est attestée dès la fin du IIe siècle av. J.-C.. Les amphores à vins de type Dr.2/4 perdurent quant à elle largement jusqu’au IIe siècle apr. J.-C. (Laubenheimer 1992). Une précision peut être donnée quant à certains fragments d’amphores qui proviennent de Lipari, ils ont en effets une pâte très blanche, caractéristique.

     

    - Les amphores hispaniques

    Cette région connait à partir du changement d’ère un essor commercial important dû à sa position géographique majeure, au coeur des échanges méditerranéens. Selon la nature des pâtes, nous retrouvons des amphores provenant de Bétique, de la côte (pâte sableuse gris-beige à verdâtre) ou de Guadalquivir (pâte claire, beige-grise à rosée, à dégraissant sableux visible).

     

    - Les amphores gauloises

    Le terme d’amphores gauloises est très large. Il existe des types et des lieux de productions variés. Reprenant dans un premier temps les formes d’amphores de tradition italique dès la fin du Ier siècle av. J.-C., ces ateliers vont très vite développer un répertoire qui leur est propre en produisant notamment les amphores à fond plat (types G.1 à G.4). Les ateliers du sud de la France présentent une pâte calcaire très fine de couleur beige et à coeur généralement rosé. (Laubenheimer 1992) alors les productions lyonnaises ont quant à elles une pâte calcaire très différente, beige à dégraissant sableux (Desbat, Dangreaux 1998, p.74). Celles qui proviennent de Marseille présentent une pâte beige avec des inclusions de micas argentés.

     

    - Les amphores orientales

    Cette catégorie regroupe les amphores provenant aussi bien de Grèce continentale ou insulaire, d’Egypte ou du Proche Orient. Ces conteneurs véhiculent généralement du vin ou plus rarement des fruits secs ou des saumures de poissons. Les recherches de la dernière décennie ont permis de recenser de nombreux ateliers, notamment celles des îles de Rhodes, Chypre, Chio et Cos, de la côte de Cilicie, des environs d’Antioche ou encore de la région de Gaza.

     

    2. La classification typologique

    Une fois que le tri par catégorie a été réalisé, il faut préciser la nature des fragments grâce à une typologie. Cela constituera l’inventaire des céramiques.

    Après avoir compté l’ensemble des fragments, ce sont les formes qui sont attentivement étudiées. En principe se sont les bords ou les formes archéologiques complètes (FAC) qui sont retenus ; mais il arrive que certains fonds ou anses soient identifiables. Une fois les collages réalisés, un inventaire de l’ensemble des formes archéologiques identifiables est réalisé. Tous les éléments de formes reconnus comme appartenant à un même individu ont été regroupés au sein d’un même numéro d’inventaire.

    L’observation des profils de ces éléments identifiables permet de déterminer une forme particulière ramenant à la fonction du récipient. Grâce à une étude attentive, différents types sont déterminés en particulier par la différence de morphologie des lèvres.

    C’est la comparaison de ces formes avec des ensembles bien datés présents sur d’autres sites qui permet d’établir une concordance chronologique. Pour cela l’utilisation de typologies préétablies est nécessaire, notamment avec celles des sites de Roanne et de Saint-Romain-en-Gal (Leblanc 2001, Genin, Lavendhomme 1997) ou encore des ateliers de potiers (Desbat et al. 1996 ; Genin, Vernhet 2002).

     

    Voici les principales formes rencontrées :

    a. Les céramiques fines

    Plat ou assiette : il s’agit d’une forme basse et ouverte servant à la consommation ou au service des aliments. L’appréciation du diamètre de la céramique définira si c’est un plat ou une assiette ; en effet si le diamètre est supérieur à 24 cm, nous parlerons alors de plat.

    Bol : c’est un récipient de forme ouverte et basse à parois rectilignes ou hémisphériques dont le diamètre d’ouverture peut être compris entre 5 et 18 cm. Il est plus profond que l’assiette mais il sert également à servir et consommer des aliments.

    Coupe et coupelles : il s’agit d’une forme basse et ouverte généralement de grand module. Le terme sera utilisé notamment pour parler des vases réalisés en sigillées.

    b. Les céramiques communes

    Pot : c’est une forme haute fermée pouvant servir à la fois au stockage et à la cuisson des aliments. Elle s’applique à la fois à des récipients à pâte siliceuse et à pâte calcaire, cuits en mode A ou B.

    Jatte : ce terme désigne des récipients servant à la préparation des aliments. Il s’agit d’une forme ouverte et basse aux parois évasées.

    Marmite : utilisé pour parler des formes ouvertes intermédiaire entre la jatte et le pot. Elle sert à faire revenir puis mijoter les aliments lors de la cuisson.

    Plat à cuire : il s’agit d’une forme ouverte et basse équivalente à la forme du plat en céramique fine. Sa fonction est néanmoins différente puisque le récipient va au four pour cuir les aliments.

    Couvercle : ce n’est pas un récipient à proprement parlé. Il permet de fermer les autres récipients. Nous retrouvons également des opercules beaucoup plus petits et fins.

    Cruche : elle présente une forme haute et fermée à panse ovoïde ou globulaire pour servir des liquides. Le diamètre à l’ouverture est compris entre 4 et 10 cm.

    Mortier : il est importé d’Italie, il témoigne de l’adoption de nouvelles traditions culinaires après la conquête en Gaule. Il s’agit d’une forme ouverte basse dont la partie interne abrasive sert à broyer et piler les aliments lors de la préparation des repas.

    c. Les amphores

    De nombreuses typologies préétablies sont utilisées, certaines amphores portent le nom de site telles que Haltern d’autre porte le nom de la personne ayant étable la typologie tel Dressel. Enfin certaines portent le nom de leur région de production comme par exemple les amphores gauloises.

    3. L’estimation des restes

    Il est nécessaire d’établir le Nombre Minimum d’Individus (N.M.I.) à partir de l’inventaire effectué en ne prenant en compte que les bords après collage : il ne faut pas procéder par pondération afin de ne pas surévaluer la présence des types non attestés par un bord au détriment des types qui le sont. La présence de fragments de panse caractéristique d’un type (mais qui n’étaient pas associés à une forme), n’est pas non plus comptabilisée comme un individu, pour la même raison (protocole de Beuvray, Arcelin et Tuffreau-Libre1998).

    Le NR (nombre de reste) est également comptabilisé car c’est la seule valeur qui puisse être utilisée pour comparer la céramique de deux sites différents, si la méthode d’utilisation du NMI n’a pas été la même. La comparaison de NR et du NMI est intéressante afin de s’interroger sur les raisons des répartitions des différents types de céramiques.

    Les méthodes de comptage adoptées, énoncées dans les actes du colloque du Mont-Beuvray consacré à la quantification des céramiques (Raux 1998, 13), sont actuellement pratiquées sur l’ensemble de la région Rhône-Alpes.

    4. La présentation des résultats

    Les résultats des comptages sont présentés sous forme de tableaux qui permettent une lecture synthétique et rapide des données. Les données sont classées dans un ordre décroissant, en commencent par les catégories dont les NMI sont les plus importants ; cela permet de voir les écarts du premier coup d’oeil et de se demander pourquoi une catégorie est absente par exemple.

    Les résultats des pourcentages ont été arrondis à l’unité. Quand les valeurs du NR et du NMI sont faibles, le pourcentage peut être de 0. Cela ne veut pas dire que la catégorie est inexistante mais qu’elle est très peu représentée dans l’ensemble étudié.

    a. Tableau par catégories

    Un tableau de comptage présentera les familles et les catégories techniques des céramiques pour chaque état stratigraphique relevé sur le terrain. Ces tableaux comportent quatre colonnes : le NR, Le pourcentage NR, le NMI et le pourcentage NMI.

     

    Tableau présentant la répartition du mobilier céramique par grandes familles et catégories techniques.

     

    b. Les planches

    Les formes de céramiques étudiées sont dessinées puis reprises à l’ordinateur, l’étude de chaque état est associée à des planches de dessins. Il faut savoir que toutes les formes ne seront pas dessinées, un choix aura été fait en fonction de leur pertinence. Les dessins sont présentés à l’échelle 1/3, à l’exception de certaines estampilles présentées à l’échelle 1.

     

    Exemple de planche :

     

    Références bibliographiques :

    Batigne Vallet et al. 2013 : BATIGNE VALLET (C.), BONNET (C.), CELLARD (E.), DELAGE (R.), GIRY (K.), TRIPIER (A.), avec la collaboration d’A. Horry, Céramiques antiques de Saint-Georges-de-Reneins et d’Anse, in : BEAL (J.-C.), COQUIDE (C.), TENU (R.) dir. — Ludna et Asa Paulini, Deux étapes antiques du Val de Saône sur la route de Lyon. DARA 39, p. 355 – 374.

    Batigne Vallet 2001 : BATIGNE VALLET (C.), Question de méthode concernant la céramique à feu : apports et limites de son étude. Le cas de Lugdunum. RCRF 37, 2001, p. 37-44.

    Bet 1988 : BET (P.), Groupes de production et potiers à Lezoux (Puy-de-Dôme) durant la période gallo-romaine. Thèse de doctorat, Paris 1988.

    Bet, Delor 2000 : BET (P.), DELOR (A.), « La typologie de la sigillée lisse de Lezoux et de la Gaule Centrale du Haut-Empire. Révision décennale », In : RIVET (L.) (dir.), Actes du congrès de la SFECAG, Libourne 2000, p. 461-483.

    Desbat et al. 1996 : GENIN (M.), SCHMITT (A.), LASFARGUES (J.), « Les productions de l’atelier de Loyasse », In : DESBAT (A.) GENIN (M.), LASFARGUES (J.) (dir.), « Les productions des ateliers de potiers antiques de Lyon. 1re partie : les ateliers précoces », Gallia 1996, 53, p. 19-38.

    Desbat, Dangréaux 1998 : DESBAT (A.), DANGRÉAUX (B.) « La production d'amphores à Lyon », Gallia, 54, 1997, 73-104.

    Desbat, Picon 1996 : Desbat, A., Picon, M., 1996 – Les céramiques métallescentes de Lyon : typologie, chronologie et provenance. In SFECAG, Actes du Congrès de Dijon. p. 475-490.

    Desbat, Savay‑Guerraz 1986 : DESBAT (A.), SAVAY-GUERRAZ (H.), « Les productions céramiques à vernis argileux de Saint-Romain-en-Gal », Figlina 7, 1986, p. 91-104.

    Ettlinger 1990, Elisabeth et al, conpectus formarum terrae sigillatae italico modo confectae, Materialien zur romisch-germanischen Keramik, 10. Bonn : 1990

    Genin 2007 : GENIN (M.), La Graufesenque (Millau, Aveyron). Sigillées lisses et autres productions. Volume II. (Fédération Aquitania).

    Genin et Lavandhomme 1997 : GENIN (M.) et LAVENDHOMME (M.-O.) « Rodumna (Roanne, Loire), le village gallo-romain Evolution des mobiliers domestiques », DAF, n°66, Ed. de la Maison des Sciences de l’Homme, Paris.

    Genin, Hoffmann, Vernhet 2002 : GENIN (M.), HOFFMANN (B.), VERNHET (A.) – « Les productions anciennes de la Graufesenque », Céramiques de la Graufesenque et autres productions d’époque romaine, Nouvelles recherches, Hommage à Bettina Hoffmann, 2002, p. 45-104.

    Goudineau 1968 : GOUDINEAU (C.), La céramique arétine lisse. Mélanges d'archéologie et d'histoire de l'Ecole Française de Rome, supplément 6, 1968.

    Laubenheimer 1992 : Laubeheimer (F.) Etude des amphores dans T. Ben Redjeb. Une aggomération secondaire des Vromanduens : Noyon (Oise, Revue Archéologique de Picardie, n°12, 1992, p. 63-65

    Leblanc 1995 : LEBLANC (O.), Etude du mobilier et chronologie, Gallia, 51, 1994, p. 80-118.

    Leblanc 2001 : LEBLANC (O.) « Production de céramiques à Saint-Romain-en-Gal (Rhone, France) : bilan de 25 années de recherche sur le site » in : Rei cretariae Romanae fautorum acta, 37, 2001.

    Picon 2002 : PICON (M.) « A propos des sigillées, présigillées et imitations des sigillées : questions de coûts et de marchés », SFECAG, Actes du congrès de Bayeux, 2002, p. 345-356.

    Raux 1998 : S. Raux, Méthodes de quantification du mobilier céramique. Etat de la question et pistes de réflexion, In : Arcelin (P.) et Tuffreau-Libre (M.) (dir.), Actes de la table ronde du Centre archéologique européen du mont Beuvray (Glux-en-Glenne, 7-9 avril 1998), coll. Bibracte, 2, 1998, p. 11-16.

    Tuffreau-Libre 1998 : Arcelin (P.), Tuffreau-Libre (M.) « La Quantification des céramiques : image de la réalité du passé ou projection archéologique virtuelle ?, in La Quantification des céramiques. Conditions et protocole. » Actes de la table ronde du Centre archéologique européen du Mont Beuvray (Glux-en-Glenne, 7-9 avril 1998). Glux-en-Glenne, 1998.

    Fanny Blanc

    Etudiante en M2 pro 2016

     

  • L’Archivage

    L’Archivage :

    Inventaire des tirets-à-parts de Victor Loret

    L’archivage est utilisé par tous dans la vie quotidienne. Cela passe par des documents administratifs aux documents privés, de la simple photo au carton dans le grenier. Toutefois, ce type de rangement devient plus rigoureux lorsqu’il s’agit du domaine professionnel.

    C’est à l’occasion de mon stage à l’institut d’Egyptologie, à l’Université Lumière de Lyon 2, que j’ai pu me familiariser avec ce procédé. L’objectif était d’inventorier la collection des tirets-à-parts appartenant à Victor Loret, un égyptologue français de la fin du XIXème siècle et début du XXème siècle. Il légua à sa mort l’ensemble de sa collection à l’Université de Lyon ainsi qu’un inventaire les répertoriant. Ce dernier commence à partir de 1872 et se termine en 1945 avec un total de 4230 tirets-à-parts. Ce travail s’est fait sous la direction de Mme Laure Pantalacci, professeur d’égyptologie.

    Pour mieux appréhender ce domaine, il est d’abord important de connaître la définition des termes, puis de comprendre l’aspect méthodologique qui permettra de saisir l’objectif de l’archivage.

     

     

    Que signifient les termes « archiver » et « archives » ?

    Selon CNRTL1, archiver est l’action de « Recueillir, déposer, classer dans une collection d'archives »2. Quant aux archives, il est question d’un « Ensemble de documents hors d'usage courant, rassemblés, répertoriés et conservés pour servir à l'histoire d'une collectivité ou d'un individu »3. En d’autres termes, l’ensemble des biens matériels (ouvrages et autres…) peuvent être rangés dans un lieu et faire l’objet d’un référencement afin d’être connu de son propriétaire. Ce dernier peut être une institution privée comme une entreprise ou une institution publique telle qu’un musée, une bibliothèque, une mairie ou encore une université comme c’est le cas ici. Concernant la base de données, elle peut regrouper tous les ouvrages d’une même institution ou se concentrer uniquement sur la donation d’un collectionneur. Dans ce dernier contexte, qui est également le nôtre, la base de données sera baptisée du nom du propriétaire de la collection.

     

    L’objet de mon inventaire est les tirets-à-parts, c’est-à-dire « une impression séparée d’une partie d’ouvrage ou d’un article de périodique, avec une pagination propre. » selon ADBS4.

    La finalité de l’archivage est de garder ces ouvrages et de les rendre accessibles à tous (spécialiste ou grand public).

     

    Quelle est la méthode à suivre ?

    Le classement se fait à la fois à la main (tri) et sur l’ordinateur (base de données). Ces deux méthodes sont indissociables l’une de l’autre.

    Chaque tiret-à-part à inventorier est référencé par un numéro. Les codes d’inventaire sont généralement composés de termes abrégés (auteur, lieu de stockage, genre) et de chiffres (année d’édition) inscrits directement sur l’ouvrage, de préférence au crayon. Ces derniers sont classés en général selon l’ordre alphabétique des noms d’auteurs, mais ce rangement peut être complexifié en commençant par les ordonner d’après leur thème (biologie, archéologie et autres) puis ensuite par ordre alphabétique.

    Lorsque l’ouvrage est numéroté, son numéro doit être tout de suite inclus dans la base de données avant de le ranger dans une réserve. L’ordre de rangement des ouvrages doit suivre celui de la base de données. Il sera ainsi plus facile de retrouver le tiret-à-part recherché.

    La base de données s’est faite sur un logiciel tableur (Excel). Ce dernier permet de stocker un maximum de données mais ne permet pas de les gérer comme sur Access. Il est question ici de l’une des formes les plus universelles pour l’enregistrement. Elle peut à tout moment être importée dans un autre logiciel afin d’être questionnée. Toutefois, ce logiciel présente des limites dans son utilisation comme la nécessité de répéter certaines données. Le tableur Excel se compose de colonnes et de lignes qui se croisent. On parle de cellule pour désigner une case. Aucune limite de taille n’est fixée pour une base de données.

    Une base de données relative à des ouvrages est généralement présentée ainsi :

     

     

    Le tableau ci-dessus met en avant les informations principales. En voici les descriptions, de gauche à droite :

    - le numéro d’inventaire. Il est inscrit sur l’ouvrage. Toutefois, certains peuvent déjà avoir un numéro d’un précédent classement, il est important de le préciser dans une colonne à part.

    - l’auteur. Seul le nom est inscrit. Les ouvrages étant classés par ordre alphabétique, c’est cette colonne qui oriente le rangement.

    - le titre. Le nom de l’ouvrage est indiqué pour une monographie. Concernant un article, c’est son propre titre qui est mentionné. L’auteur est à nouveau mentionné avec son prénom (ou initiale).

    - la publication-mère. Cela concerne uniquement les ouvrages dans lesquels se trouvent les articles. Le lieu d’édition, la date d’édition et les pages sont également inscrits.

    - la localisation de l’ouvrage. Les tiret-à-parts sont stockés dans des boîtes de rangement, posées sur une étagère de l’institut. Ici, ils sont classés selon leur thème (Egypte par exemple) en suivant l’alphabet. Au préalable, les initiales de Victor Loret sont précisées.

    - Les notes permettent de signaler une anomalie comme la présence de feuilles volantes dans un livre, du nombre de copies ou encore de l’état de conservation de l’ouvrage. Sur le site internet, les notes seront montrées aux utilisateurs uniquement pour leur informer du nombre de doublons ou si le tiret-à-part est en restauration.

     

     

    D’autres types de colonnes peuvent compléter le tableau. Ainsi, on peut trouver une colonne concernant :

    - Les mots clés qui peuvent faciliter la recherche.

    - Les liens de type URL permettant d’indiquer à l’utilisateur la présence de l’ouvrage dans d’autres lieux de conservations ou celle de livres scannés en .PDF et stockés sur un autre site internet.

    - Un article (.PDF) peut être intégré dans la base de données. Il est également possible de placer des photographies de la couverture des livres qui figurent dans la base mais ce type de présentation reste rare.

    Pour chacune de ces colonnes, le plus important est de répartir au maximum les informations dans différentes colonnes, afin que le moteur de recherche puisse répondre efficacement à la requête. Il est d’ailleurs recommandé d’écrire un texte court dans les cellules.

     Pour quel usage ?

    La base de données, une fois créée, sera mise en ligne sur internet afin d’en diffuser les informations. Celle-ci est adressée à des spécialistes mais également au grand public (voir figure 1 ci-après).

    Un système de recherche est ajouté à la base de données pour en faciliter l’accès. Une mise en page sera faite afin qu’elle soit interactive et intuitive. Cette base sera hébergée sur le site de l’institut d’égyptologie consacré à Victor Loret : http://www.victor-loret.mom.fr/. La base de données peut avoir une passerelle avec d’autres sites internet qui possèdent le même ouvrage.

     

     

     

    Ce travail d’archivage permet également à l’institut de connaître ses fonds et son état de conservation. Ainsi elle pourra la compléter le cas échéant et restaurer les ouvrages qui en auront besoin.

    Cependant, le site internet, tout comme la base de données, doit être régulièrement mis à jour afin d’assurer à l’utilisateur une bonne connaissance des ouvrages. Cette modification ne peut l’accès se fait par une autre adresse être effectuée que par des administrateurs. Généralement, et nécessite un identifiant. Aucun utilisateur ne peut y accéder.

    L’archivage est un travail qui demande du temps mais il n’est pas inutile. Il contribue autant au bon fonctionnement d’un institut qu’à la recherche en général.

    Diane Chawkatly-Krug

     

     

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    1 Centre de Recherche Inter-langues sur la Signification en Contexte (Université Caen Normandie).

    2 http://www.cnrtl.fr/definition/archives

    3 http://www.cnrtl.fr/definition/archives

    4 Association des professionnels de l’information et de la documentation : http://www.adbs.fr/tire-a-part-18886.htm?RH=OUTILS_VOC

    5 http://www.tpsalomonreinach.mom.fr/consultation.php

     

  • Le dessin de céramique en archéologie

    Le dessin manuel de céramique en archéologie :

     

    Présentation de la méthode de dessin manuel utilisée en archéologie, avec pour exemple le dessin d’une céramique provenant de la fouille de Thonon-les- Bains

     

    Quelques mots sur le site.

     

    Le laboratoire d’Archéologie et d’Archéométrie (ArAr) de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée (MOM) à Lyon travaille depuis quelques années sur les vestiges archéologiques provenant de Thonon-les-Bains, une ville située en Haute-Savoie1. Les premières fouilles ont débutées en 1960- 1970, sous la direction de Jean-Claude Périllat. Elles ont ensuite été réalisées par des passionnés d’archéologie, qui se sont regroupés pour former le GRAT (Groupe de Recherches Archéologiques de Thonon). A partir de 1994, les opérations sont confiées à l’Afan (Association pour les fouilles archéologiques nationales) qui deviendra plus tard l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives). Aujourd’hui l’ensemble des découvertes faites par le GRAT sont conservées dans le dépôt archéologique de Thonon-les-Bains.

    Les opérations archéologiques ont permis d’attester que Thonon était un petit bourg gallo-romain dont la fondation remonte à la période augustéenne (27 av. J.-C. – 14 ap. J.- C). Son territoire s’étend sur une dizaine d’hectares, sur les quartiers actuels de la Vieille Ville, la Rénovation, des Ursules et des Suets. Plusieurs lieux de production de céramique ont été découverts lors des fouilles, dont huit fours de potier et un dépotoir. Ce dernier a donné environ deux tonnes de tessons de céramique d’une grande variété. La céramique qui a servi pour le dessin qui va être présenté ici, provient de ce dépotoir. Il s’agit d’un pot dont le fond est manquant, avec un décor sur la panse.

     

    1. Carte du nord de la région Rhône-Alpes.

     

     

    Qu’est ce qu’un dessin en archéologie ?

     

    C’est la représentation graphique de ce que l’on a découvert. On peut dessiner du mobilier archéologique comme des objets et de la céramique. Ce moyen d’expression permet de communiquer aux autres ce que l’on a vu après la fouille. Le dessinateur l’utilise ensuite comme support pour le dessin vectoriel, dont le but est de rendre le dessin « beau » pour la publication. L’intérêt du dessin manuel est qu’il apporte des informations sur les objets que la photo ne donne pas, notamment les dimensions et l’épaisseur. Il permet d’observer

     

    l’objet sous différentes vues, intérieure et extérieure, et sur plusieurs côtés. Le dessin est codifié de manière à homogénéiser les méthodes de dessin et les rendre compréhensibles pour tous les archéologues. Ainsi la représentation graphique d’un objet se compose d’une vue de face que l’on place toujours à droite et d’un profil, que l’on représente à gauche. Quand cela est nécessaire, on peut dessiner la vue supérieure, vue inférieure, ainsi que les détails qui présentent un intérêt. Cependant il existe des cas particuliers qui échappent à ces normes.

     

    Comment réaliser un dessin de céramique ?

     

    Un certain nombre d’objets sont nécessaires pour réaliser un dessin. Il faut tout d’abord un crayon, une gomme, du papier millimétré, un conformateur2 qui permet de relever le profil des objets, un pied à coulisse3 et un réglet qui sont utiles pour prendre les mesures comme la hauteur et l’épaisseur et un diamétron4, qui sert à mesurer le diamètre de la céramique si elle est incomplète. Le calque est également utile si l’on veut scanner son dessin plus tard, car le papier millimétré empêche d’utiliser la vectorisation automatique dans Illustrator à cause des lignes. Cela peut-être problématique si l’on veut vectoriser un grand nombre de dessins dans un temps limité car ce mode permet de dessiner les objets sur ordinateur automatiquement, et donc de gagner du temps.

    2. Conformateur

    3. Pied à coulisse

    4. Diamétron

     

    Les étapes de réalisation du dessin.

     

    Avant de commencer à dessiner, il est faut noter sur le papier certaines informations indispensables comme le nom du site d’où provient l’objet, l’année de la fouille, la date à laquelle on réalise le dessin, le numéro d’inventaire de l’objet, l’échelle utilisée pour le dessin, le nom du dessinateur et le numéro de la minute.

    Si l’on ne possède qu’une partie de la céramique comme dans le cas présent, la première étape est de déterminer l’orientation de l’objet, en observant le bord. Puis, on mesure le diamètre avec le diamétron en posant la céramique à l’envers sur son bord, et on prend la hauteur de l’objet à l’aide du réglet. On reporte ces informations sur le papier en traçant un trait horizontal correspondant à la taille du rayon, puis un trait vertical pour la hauteur, et on place une flèche pour indiquer l’endroit où l’on a mesuré le diamètre. Ensuite, on vient placer le conformateur contre la partie extérieur de la céramique, et on reporte sa forme sur le papier. Puis, on refait la même chose sur la partie interne de la céramique, de façon à relever le profil de l’objet. Une fois le profil réalisé, on dessine la face du côté droit, toujours en utilisant le conformateur. Si l’on ne possède qu’un tesson sans fond, comme dans le cas présent, il faut marquer la cassure sur le profil ainsi que sur la face.

    En ce qui concerne le décor, on utilise du papier à cigarette et un crayon très noir. On vient plaquer le papier contre la céramique et avec le crayon on fait apparaitre le décor. Ensuite, on reporte le décor sur un calque, que l’on découpe et que l’on place sur la face à droite. On peut noter également le type de céramique. Dans ce cas, on est face à une céramique à revêtement argileux (CRA). On indiquait la technique utilisée pour réaliser le décor si on arrive à l’identifier, guilloché, excisé, incision, etc. Il semble que le décor du pot a été réalisé par incisions. Il est important de noter les informations qui concernent l’objet dessiné afin de faciliter la compréhension du dessin, car le dessinateur n’est pas forcément celui qui réalisera la DAO. Une fois ces différentes étapes réalisées, le dessin est prêt à être scanné pour servir de support pour le dessin vectoriel.

     

     

     

     

    Morgane Moisson

    Master Pro Archéologie de l’objet, du bâti et du site.

    Université Lyon 2

  • L’imagerie satellite

    LES NOUVELLES TECHNOLOGIES APPLIQUEES AUX METHODES NON- DESTRUCTIVES DE SITES ARCHEOLOGIQUES : L’IMAGERIE SATELLITE

     

    Les deux dernières décennies ont permis le développement de nouvelles technologies, qui aident à mieux comprendre les sites archéologiques. L’utilisation de différents types d’approches non-destructives, visent à limiter une intervention destructrice, comme la fouille, au minimum absolu.

     

    Dans le domaine de l’archéologie, les images satellites sont utilisées dans de nombreux projets, mais ce n’est que très récemment que des chercheurs ont commencé à tirer parti d’outils en ligne, pour approfondir leurs connaissances.

     

    L’intérêt de ce nouveau moyen d’observation du sol est d’autant plus grand, quand on travaille dans des pays où les photographies aériennes sont interdites, ou restreintes pour des raisons de sécurité, ou par défaut de moyens matériels adéquats. L’exploitation des images satellites devient quasiment incontournable, pour des zones difficilement accessibles, que ce soit pour des raisons politiques ou simplement physiques.

     

     

     

    Grâce à l’imagerie satellite, l’archéologie connaît un nouvel âge d’or

    Source: http://www.technocrazed.com/thanks-tosatellite-imagery-archaeology-enters-a-new-golden-age

     

     

    Cependant, l’utilisation de ces images satellites ne saurait entraîner l’abandon des méthodes de prospection traditionnelles, car ces dernières permettent de détecter tous les détails sur les sites. En revanche, les sites funéraires restent, bien entendu, visibles sur les images, de même que tous les autres sites de taille réduite, ou réduits à une simple concentration de matériel archéologique. Enfin, si cet outil a permis de réaliser des plans relativement précis, il ne donne pas encore la possibilité d’aller dans le détail infime. Aussi la reconnaissance de terrain s’avère-t-elle essentielle.

     

    Depuis le lancement du premier satellite d'observation de la Terre, ERTS-1, renommé Landsat-1, les systèmes spatiaux mis à la disposition des interprétateurs d'images n'ont cessé de voir leurs performances s'accroître. Les images satellites, à la résolution de plus en plus fine, permettent une étude nouvelle et diversifiée de la surface terrestre, aussi bien pour le temps de retour minimum entre deux observations successives d'un même site, que pour la résolution spatiale de l'élément d'image élémentaire, importante dans l'application de la télédétection à l'archéologie. Dorénavant, ces sites archéologiques qui restent partiellement localisés, ou qui sont encore inconnus dans leur complexité, peuvent être  analysés, interprétés et éventuellement visualisés sans aucun dommage. Ainsi, des centres proto-urbains, des villages ou des centres cérémoniels suffisamment conséquents sont perceptibles par un œil quelque peu avisé.

    Les nouveaux procédés mis en œuvre visent à adapter des traitements informatiques, en vue d'une analyse la plus exhaustive possible des images, et ce quel que soit l'objectif visé.

    Pour les archéologues, manipuler et naviguer dans des données géographiques plus facilement qu’auparavant, à travers de l'imagerie satellitaire et aérienne, permet la restitution de plusieurs niveaux d'interprétation : les tertres qui, pour la première fois, seront positionnés en plan, les structures archéologiques de type habitat, les structures archéologiques possibles, déduites de l'observation de réflectances analogues aux structures vérifiées.

    Cette imagerie satellite repose sur de nouvelles technologies, telles que le Radar à Synthèse d’Ouverture (RSO), avec la technique d’interférométrie (InSAR), et la Télédétection laser (LIDAR), parmi d’autres technologies en développement.

     

    Le Radar à Synthèse d'Ouverture (RSO) :

    Le Synthetic Aperture Radar (SAR) en anglais est un radar embarqué sur un avion ou un satellite. Ces dispositifs électroniques permettent d'imager avec une haute précision spatiale la réflectivité électromagnétique d'objets ou d'environnements, en exploitant le déplacement de l'antenne, pour obtenir une résolution angulaire bien supérieure à celle d'une antenne immobile, en mettant en jeu différents objectifs à viser sur une zone donnée. La résolution angulaire d'une antenne est inversement proportionnelle à sa taille, nécessairement réduite à bord d'un avion1.

     

     

     

    Technologie SAR. Source: Universitat Pompeu Fabra (https://www.upf.edu/cases/actualitat/10042015.html)

     

    L’utilisation des données satellitaires pour l’archéologie et pour la gestion des ressources culturelles est un champ émergent. Particulièrement, l’usage de la polarimétrie et l’interférométrie. Ainsi, une importante et nouvelle donnée RSO utilisé en archéologie, est l’interférométrie radar ou Interferometric Synthetic Aperture Radar (InSAR) en anglais. Elle permet de créer des modèles numériques de terrain (MNT). Cette technique par laquelle un radar émet des pulsations depuis une antenne conventionnelle SAR, reçoit des échos à travers deux antennes distinctes ou par une même antenne en passages consécutifs. Dans un premier temps, un MNT est produit par l’interférométrie radar (InSAR) à partir de deux images radar de type European Remote-Sensing Satellite ERS (Satellite  européen  de  télédétection).  Ces  modèles  qui  ont  des       résolutions

     

     

    différentes ne couvrent pas l’ensemble de l’espace étudié de manière homogène, dont les écarts de mesure permettent de saisir les changements de l’échelle en millimètres, en périodes pouvant aller de quelques jours à plusieurs années. Le modèle numérique de terrain final est élaboré à partir d’une combinaison de toutes les sources disponibles, selon une méthode de somme pondérée. En analysant l’évolution de la distance, entre le capteur et un point au sol au fil du temps, la technologie InSAR permet de dériver une information très précise sur la topographie de la scène et sur les mouvements du sol. L’application peut donc localiser d’importants enjeux écologiques et archéologiques.

     

    En analysant l’évolution de la distance, entre le capteur et un point au sol au fil du temps, la technologie InSAR permet de dériver une information très précise sur la topographie de la scène et sur les mouvements du sol. Les fréquentes modifications de la surface terrestre dues aux influences climatiques, tectoniques et humaines, les changements du paysage à travers le temps, sont importantes pour les études archéologiques et du patrimoine.

     

    L’analyse quantitative des paysages est constituée par une base de données topographique numérisée ayant une résolution spatiale uniformisée et une précision verticale. De cette façon, les changements dans la topographie, associés aux phénomènes naturels tels que glissements, éboulements, séismes et activités volcaniques, ou produits par l’activité humaine, peuvent être surveillés avec l’InSAR pour identifier les zones vulnérables et ainsi répondre aux stratégies de prévention prévues dans ces cas2.Pour l’archéologie, cette technique permet par exemple de percer les nuages bas et la végétation, pour donner une image précise de la densité et de l’humidité du sol et révéler ainsi les structures présentes sur le terrain. C’était le cas, dans les années 2000 pour la découverte du système de réseau hydraulique dans la cité khmère d’Angkor, au Cambodge. Cela a permis de localiser, entre autres choses, des temples entourés de fossés et de bassins artificiels, qui devaient être utilisés pour le stockage de l’eau et l’irrigation. Ces données ont été complétées par des photographies prises depuis un avion qui a survolé le site à basse altitude et à vitesse réduite. Les chercheurs se sont ensuite rendus sur place pour examiner de plus près les structures qui venaient d’être dévoilées.

     

     

    Pour obtenir l’image InSAR, le radar SAR, utilise l'effet Doppler-Fizeau de l'écho réfléchi par une cible pour mesurer sa vitesse radiale.

    Source : http://www.trussty.com/2011/07/detecting-earthquakes-with- satellite.html#axzz46J5GLJEx

     

     

     

    Pour obtenir l’image InSAR, le radar SAR, utilise l'effet Doppler-Fizeau de l'écho réfléchi par une cible pour mesurer sa vitesse radiale.

    Source : http://www.trussty.com/2011/07/detecting-earthquakes-withsatellite. html#axzz46J5GLJEx

     

     

    La technique de télédétection laser (LIDAR). Light Detection and Ranging est une technologie dont le principe est de répéter des mesures de distance à un objet, à l’aide d’un télémètre laser. Le télémètre envoie un faisceau lumineux qui est interrompu par l’objet.

     

     

    La technologie consiste à enregistrer des mesures de distance entre un objet et le  scanneur  laser, calculées à partir de la différence de temps entre l’émission du laser et sa réception après réflexion par l’objet. Le laser balaye la surface du sol à l’aide de miroirs rotatifs ou oscillants et peut enregistrer, pour un même signal émis, des mesures multiples, appelées échos ou retours. Après corrections des erreurs (positionnement, rapport signal sur bruit du signal retour, angle et taille du balayage), on obtient donc un nuage de points en x.y.z. enrichis de l’intensité (dépendante de la réflectivité des objets). La précision absolue verticale et horizontale des points, attendue pour les terrains en archéologie, est de l’ordre de 10 cm (Wehr and Lohr 1999)

    La seconde étape d’une opération de relevés Lidar consiste au traitement et au filtrage des échos puis à la production des données dérivées. Il s’agit de classer les échos en fonction de l’objet sur lequel le faisceau s’est réfléchi : sol / hors sol ou dans certains cas, terre nue/bâti/végétation, basse, moyenne, haute/eau.

     

    Comme la vitesse de la lumière est connue, il suffit de mesurer le temps que la lumière du faisceau met jusqu’à l’objet, pour connaître la distance le séparant de la source émettrice du faisceau. La distance est donc calculée à partir de la différence de temps entre l’émission de l’impulsion laser et la réflexion du signal lumineux reçu. Le fait de pouvoir répéter les mesures permet ensuite d’obtenir une description précise de l’objet, sous la forme d’un nuage de points renseignés par des coordonnées x, y et z, si on connaît par ailleurs la position exacte de la source émettrice.

     

    Pour atteindre une meilleure précision, les systèmes LIDAR, sont associés au système de géolocalisation par satellite Global Positioning System (GPS) et à une unité de mesure inertielle (IMU). Ces unités de mesure inertielle qui enregistrent l’accélération et l’angle du système dans l’espace sont des aides précieuses à la navigation, car elles offrent un positionnement relatif très précis, intermédiaire aux relevés de position absolue (GPS).

     

    Face aux outils traditionnels de relevés, la télédétection par la technologie LIDAR est en train de bouleverser la manière de repérer les sites, en améliorant des contraintes d’accès et de visibilité, le laser aéroporté autorise une cartographie des sites plus précise en quantité et en qualité, par rapport au nombre de vestiges et leur localisation. C’est la capacité du laser à pénétrer le couvert forestier, qui constitue un des apports essentiels de la technologie LIDAR. Le laser permet donc de pénétrer le couvert végétal. Un faisceau laser peut renvoyer plusieurs  retours5.

     

     

     

    Cette classification se fait selon des opérations semi-automatiques ou, de manière manuelle selon les problématiques archéologiques. Une fois les points sols obtenus, leur information altimétrique est utilisée pour produire des modèles numériques de terrain (MNT) sur lesquels des indices et des algorithmes de traitements d’imagerie sont réalisés afin de détecter des micros-reliefs, caractéristiques de certains vestiges. (SUNG et KAO: 2015)

     

     

    5 L’appareil Lidar émet des impulsions infrarouge laser très rapides en direction du sol avec un système de balayage grâce à un miroir oscillant qui permet de couvrir l’espace survolé selon un angle donné (Figure 1). Le récepteur qui capte le signal retour discrimine ensuite ce signal en fonction de la réflectance du sol, de la végétation ou des structures touchées par le faisceau lumineux et enregistre l’intervalle de temps écoulé entre les signaux transmis et reçus. La distance qui sépare le sol et la plate-forme aéroportée est ensuite déterminée à partir de cette information. Alors qu'en vol, le système recueille des informations sur la base d’une vaste quantité de points dispersés et les stocke dans un format numérique, l’interface d’unité de mesure inertielle (IMU) enregistre le tangage, le roulis et la position de la plate-forme. Dans le même temps, un système GP“ embarqué permet d’enregistrer la position exacte de l’avion. Les plateformes Lidar peuvent également comprendre d’autres capteurs de type photographique, multispectral ou hyperspectral qui permettent une acquisition simultanée de données d’imagerie.

     

    Ainsi, la lumière émise par un même faisceau pourra être en partie interrompue et réfléchie par le feuillage, tandis qu’une autre partie pourra atteindre des branches, le tronc ou encore le sol lui-même. On distingue alors plusieurs retours ou échos pour une même impulsion.

     

    Principe du système laser aéroporté.

    Source : Page Culture communication gouv. France (http://www.culturecommunicatio n.gouv.fr/Regions/Drac- Bourgogne-Franche- Comte/Secteurs-d- activite/Archeologie/L-apport-de- la-technologie-LiDAR-a-la-connaissance- archeologique)

     

     

     

    Malgré ces nombreux avantages, cette technologie comporte également plusieurs limites. Tout d’abord les capteurs LIDAR ne peuvent enregistrer des données que dans de bonnes conditions météorologiques, sans pluie, sans brouillard, sans fumée, sans neige. La plate-forme aéroportée doit se situer obligatoirement en dessous des nuages. Dans les zones où la couverture végétale est très dense, dans la plupart des cas, les impulsions LIDAR ne seront pas en mesure de  pénétrer à travers le feuillage pour atteindre le sol. C’est pour cette raison que cette technologie, tout comme les autres est complémentaire aux données d’imagerie associées (photos numériques ou images satellitaires) qui seront nécessaires  pour  analyser  et  classifier  plus  précisément  la  végétation,  afin de produire des modèles numériques de terrain et de surface, prenant en compte les multiples retours ou échos des données LIDAR.

     

     

    Après l'acquisition, les données Lidar brutes et les données de l’unité de mesure inertielle sont combinées avec celles du système de positionnement GPS pour permettre le calcul rigoureux des valeurs x, y, z et d’intensité de chaque point. Les résultats seront fournis sous la forme de fichiers numériques au format ascii. Ce sont ces fichiers qui peuvent être affichés sur l'écran de l'ordinateur à l’aide de logiciels appropriés, puis édités et traités pour générer des modèles de surface, des modèles d'élévation, et de contours… (SHAN, et TOTH: 2009)

     

     

     

     

    Analyse des schèmes d'établissement avec le sondage LIDAR.

    Source : Remote Sensing 2014, 6(9), 8671-8695; doi:10.3390/rs6098671 (http://www.mdpi.com/2072-4292/6/9/8671)

     

     

    Pour l’archéologie égyptienne, l’imagerie infrarouge du LIDAR, permettra aux archéologues de redessiner une nouvelle carte des anciennes cités autour du delta du Nil, à partir de la distinction entre les différents matériaux enterrés. Il  est possible de distinguer des objets de moins d'un mètre de diamètre sur le sol, ce qui a permis de repérer des structures se trouvant sous la surface, comme d'anciennes maisons en briques d’argile, un matériau de plus grande densité que le sol environnant. Les infrarouges produisent ainsi des images faisant ressortir la forme des habitations, des tombeaux et des temples. Ce qui pour l’archéologue Sarah Parcak (une des premiers « archéologues spatiaux »), donne une perspective bien plus étendue sur les sites archéologiques6.

     

     

    Bien que la technologie LIDAR puisse fournir de meilleures informations et en plus grand nombre sur le paysage que les données radar, comme l’InSAR, (mentionné en haut). Il faut cependant noter que la technologie InSAR peut voler plus haut afin d'obtenir la collecte de données sur de plus grandes surfaces, avec des temps d’acquisition plus courts. En outre, cette technique d’acquisition n'est pas affectée par la couverture nuageuse. Ainsi, des recherches sont actuellement menées pour déterminer le potentiel que pourrait offrir la combinaison des deux systèmes InSAR et LIDAR.

     

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    1 Proisy : 1999

    2 P. 89-210. WISEMAN et EL-BAZ : 2007.

    3 In : Courier “ciences: "Archéologie. Angkor plus grande grâce à la NA“A". Publié le 22/08/2007

    6 In : 20 Minutes « Egypte: Des pyramides découvertes depuis l'Espace ». Publié le 25/05/2011

     

     

    Références :

     

    PROISY, C. Apport des données Radar à Synthèse d'ouverture pour l'étude de la dynamique des Ecosystèmes Forestiers. Thèses. Université Toulouse III-Paul Sabatier. Toulouse.  1999. Pp. 178

     

    SHAN, J, et TOTH, C. Topographic Laser Ranging and Scanning: Principles and Processing. CRC Press. London. 2009. Pp. 600

     

    SUNG, W-P. et KAO, J. Environment, Energy, and Applied Technology. CRC Press. London 2015. Pp. 1010.

     

    WISEMAN, J. et EL-BAZ, F. Remoting Sensing in Archaeology. Springer. Boston. 2007. Pp. 580

     

     

    Liens internet :

     

    • L'apport de la technologie LIDAR à la connaissance archéologique :

     

    http://www.culturecommunication.gouv.fr/Regions/Drac-Bourgogne-Franche- Comte/Secteurs-d-activite/Archeologie/L-apport-de-la-technologie-LiDAR-a-la- connaissance-archeologique

     

    • Sarah Parcak : L’archéologie depuis l’espace https://www.youtube.com/watch?v=YFC5CwZVCEw

     

    PONCE NIETO ROXANA MARIA N° Étu: 5120588

     

     

  • Travail au centre de documentation

    MON TRAVAIL AU CENTRE DE DOCUMENTATION DU MUSEE AUTOUR DES TEXTILES EGYPTIENS D'EPOQUE PHARAONIQUE ET ROMAINE

     

     

    A. Les documents et sources existants

     

     

    1. Les fiches d'inventaire

     

     

    Durant sept semaines, j'ai travaillé dans la salle dédiée à la documentation des œuvres. J'ai d'abord récolté les informations connues sur chacun des textiles auprès des fiches d'inventaire (sorte de cartes d'identité des œuvres, cartonnées au format A5, classées par numéros d'inventaire dans un meuble à tiroirs). Normalement, chaque tissu a son numéro d'inventaire et une fiche regroupant ses principales informations. Seulement, cette tâche n'a pas toujours été effectuée avec rigueur...

    En effet, de nombreux textiles ne disposent pas de fiches d'inventaires complètes. La quantité d'informations n'est pas la même pour chacune des fiches. Nous en savons beaucoup, par exemple, sur la toile peinte représentant la déesse Isis (MT 27785) alors que nous ne connaissons que la période d'exécution du fragment de toile MT 22677. Enfin, les numéros d'inventaire des tissus égyptiens d'époques pharaonique et romaine ne se suivent pas. Les fiches sont donc éparpillées parmi celles d'autres textiles.

     

    Petit à petit, fiche par fiche, j'ai donc retrouvé toutes celles des textiles égyptiens qui m'intéressaient et j'ai consigné toutes les informations sur des documents word (un document par œuvre) afin de pouvoir les compléter à tout moment et les faire « corriger » par Maximilien Durand, directeur du musée, avant de les enregistrer dans la base de données du musée, FLORA.

     

    Les fiches d'inventaire nous informent sur la situation (exposé ou en réserve), la dénomination et le titre du tissu, la période et datation, la description, les matières et techniques, les dimensions, l'emplacement (dans le musée ou les réserves), l'état de conservation, l'origine de l'acquisition. Il peut aussi y avoir une analogie, une bibliographie ainsi qu'une photographie, ce qui est tout de même assez rare.

     

    Par la suite, je suis allé recueillir d'autres informations auprès des fiches photographiques.

     

    2. Les fiches photographiques

     

     

    Au sein de la documentation des œuvres, il existe un autre type de source que sont les fiches photographiques. Chacune consiste en une fiche cartonnée A5, présentant la dénomination, le numéro d'inventaire et une photographie au milieu, occupant les 3/4 de la place. Même si comme  les précédentes, ces fiches sont classées par numéros d'inventaire, les deux ne sont pas en lien  direct. En effet, une œuvre peut posséder une fiche d'inventaire mais pas de fiche photographique et vice versa.

    Ainsi, ces nouveaux documents, environ 58, m'ont permis de découvrir des œuvres qui n'avaient pas de fiches d'inventaire mais surtout, grâce aux photographies, j'ai pu voir à quoi ressemblaient les textiles égyptiens du musée des Tissus. Malheureusement, beaucoup étaient incomplètes.

     

    J'ai donc complété mes documents word avec les photographies des œuvres avant d'étudier les dossiers.

     

    3. Les dossiers d’œuvres

     

     

    Également situés dans la salle de documentation des œuvres, les dossiers se présentent sous forme de pochettes, rangées dans de grandes armoires. Classés par numéros d'inventaire, ils rassemblent les documents papier de chaque œuvre :

    • Des croquis techniques.

    • Des photographies.

    • Des microphotographies.

    • Des dossiers d'analyse technique dits « de recensement », établis par une conservatrice, en lien avec le CIETA.

    • Certains documents anciens liés à l’œuvre (acquisition, étude...).

    • Des photocopies d'articles de périodiques concernant l’œuvre (bibliographie).

    • Des photocopies d'articles de périodiques concernant des œuvres similaires (analogie).

    • Des photocopies d'anciens catalogues.

    • Des dossiers de restauration.

     

    Ces dossiers apportent beaucoup à la connaissance des tissus de la collection égyptienne mais malheureusement, eux aussi sont, le plus souvent, incomplets. Ils permettent notamment d'en apprendre plus sur les techniques utilisées pour chaque textile et de connaître les ouvrages où ils apparaissent.

     

    J'ai donc repris minutieusement les informations tirées des documents papier de ces dossiers, toujours dans l'idée de compléter mes documents word. J'ai scanné les croquis, les photographies et les articles.

     

    4. La collection de textiles égyptiens d'époques pharaonique et romaine

     

    Ce premier état des lieux des documents et sources existants m'a permis de mieux connaître, d'avoir une vision globale de la collection de textiles égyptiens d'époques pharaonique et romaine.

     

    Celle-ci est composée d'environ 250 tissus, la plupart étant des fragments de toile, certains quadrillés, d'autres ayant des franges.

    Si pour beaucoup, le moyen d'acquisition n'est pas connu, la majorité est issue de l'antiquaire Graf, notamment l'important lot MT 24400 d'environ 164 fragments. Quelques uns proviennent de Guin (un), Koechlin (un) ou d’Émile Guimet (trois).

    Les œuvres font souvent partie de lots. Ainsi, six fragments datent du règne du roi Ounas (lot MT 34101), huit datent de celui de Pépy Ier (lot MT 34102) et six datent de l'époque de  Mérenrê Nemtyemsaf Ier (lot MT 34103).

     

    Parmi la collection se trouvent plusieurs textiles provenant de la région du Fayoum ou d'Akhmîm, des fragments de bandelettes de momies d'ibis ou encore des fragments datant de la Basse Époque (XXIe, XXVIe dynasties) telles que des bandelettes de momies provenant de Deir el- Bahari.

     

    Quatre œuvres sont inscrites, parmi lesquelles un fragment de bandelette de momie peinte d'une représentation de la déesse Isis (MT 27785) et une bandelette de momie avec un extrait du Livre des Morts en hiératique tardif (MT 28520.4).

     

    Enfin, on ne peut parler des textiles égyptiens du Musée des Tissus de Lyon sans évoquer l’œuvre majeure de la collection qu'est la tunique plissée à manches longues intacte, datant de la

     

    Première Période Intermédiaire-Moyen Empire, don de la Société des Amis des Musée.

     

     

    B. L'état des lieux et la mise à jour des dossiers documentaires

     

    Étant donné le but de ce stage, c'est-à-dire la création de fiches d’œuvres sur la base de données FLORA, je me suis inspiré des rubriques de celle-ci pour structurer mes documents word. Comme je l'ai dit précédemment, je les ai documentées des premières informations connues dans les différentes sources présentes au sein de la documentation des œuvres (voir annexe 2) ; ensuite, j'ai vérifié ce que j'avais trouvé, corrigé ce qui devait l'être, mis à jour les informations et effectué plusieurs recherches dans les ouvrages de la bibliothèque afin de constituer de solides  bibliographies et analogies concernant les textiles les plus connus (notamment ceux inscrits).

     

     

    1. La vérification des informations trouvées

     

    Le problème des informations trouvées dans les fiches et les dossiers, c'est qu'elles ne sont pas toujours complètes. Certaines peuvent même être obsolètes et se doivent d'être renouvelées. Ainsi, j'ai souvent du les vérifier, tout d'abord, auprès des catalogues d'inventaire.

     

    Les catalogues sont de grands registres répertoriant, par numéros d'inventaire, les textiles avec leurs dates d'acquisition, leurs provenances, leurs coûts d'achat, les lots et, parfois, quelques informations descriptives. Un catalogue d'inventaire est le premier document attestant de la  présence d'une œuvre dans la collection. Ainsi, il faut s'en référer prioritairement.

     

    Les catalogues ont tous été informatisés, pour une consultation plus respectueuse. En effet, ce sont des ouvrages très fragiles, les reliures se détachent petit à petit, et ils doivent être manipulés avec le plus grand soin et le moins souvent possible (voir annexe 3).

     

    Au moindre doute sur la datation, le numéro d'inventaire ou la matière d'un tissu, j'allais rechercher l'information dans les catalogues. Au fil des consultations, j'ai même découvert que certains textiles n'avaient, jusqu'alors, ni fiche, ni dossier. J'ai donc enrichi mon corpus d’œuvres et crée de nouveaux documents word.

    J'ai surtout pu constater que les 3/4 du contenu des catalogues n'étaient pas repris dans les fiches ou dossiers. C'est ainsi que je me suis aperçu que le lot MT 24400, acquis de Monsieur  Graf, comportait, environ, 622 pièces de tissus égyptiens, grecs et byzantins.

     

    J'ai pu vérifier mes informations auprès des différents guides des collections du Musée des Tissus de Lyon, notamment celui publié en 2010, ainsi que l'ouvrage de M. Razy « Étude technique des étoffes du musée historique des tissus de la chambre de commerce de Lyon, I. Antiquité ». Ce dernier m'a beaucoup servi pour obtenir de fines descriptions techniques ou des microphotographies de certaines œuvres.

     

     

    2. De nouvelles recherches

     

    Comme je l'ai dit précédemment, le but de ce stage était de rassembler dans des dossiers documentaires uniques, toutes les informations « éparpillées », issues de différentes sources, mais aussi de les enrichir suite à plusieurs recherches.

     

    En consultant les nombreux ouvrages de la bibliothèque du centre de documentation, j'ai tenté, pour chaque œuvre, de constituer une bibliographie. Cette tâche ne fut pas simple, les textiles étant, pour la majorité, des fragments unis, n'ayant jamais fait l'objet d'études approfondies. Je me suis vite rendu compte que les monographies traitant de textiles égyptiens d'époques pharaonique, ptolémaïque et romaine étaient rares, beaucoup se concentrant sur la période copte qui est plus largement représentée dans les collections des musées mondiaux tels que le Musée du Louvre ou le Victoria and Albert Museum.

    Finalement, je n'ai pu établir de réelles bibliographies que pour les textiles inscrits. Pour les autres pièces de la collection, je n'ai pu récolter que de menus détails, néanmoins nécessaires à l'avancée de mon travail.

     

    Mes nouvelles recherches m'ont permis également de compléter les analogies de quelques œuvres. Si certains tissus sont similaires à d'autres dans plusieurs collections de musées ; il est intéressant de le déterminer et de l'indiquer dans le dossier du textile en question, afin de pouvoir faire des comparaisons et mieux le comprendre.

    Ainsi, l’œuvre AF. 11423 du Musée du Louvre est analogue du textile MT 27785 du Musée des Tissus.

     

     

    3. Des demandes particulières

     

    Par souci de justesse et de précision dans mon travail, j'avais besoin de voir de près certaines œuvres. Les photographies existantes, pour la plupart étant de très mauvaise qualité, ne reflétaient pas le travail du tissu.

    Ainsi, Maximilien Durand m'a emmené dans les réserves du musée afin d'observer le fragment de bandelette de momie représentant la déesse Isis (MT 27785) et la tunique plissée à manches longues (MT 46841).

     

    Effectuant une recherche précise sur la bandelette de momie sur laquelle est inscrit un extrait du Livre des Morts en hiératique tardif (MT 28520.4), j'ai consulté Maximilien Durand, Audrey Mathieu (chargée de la photothèque) et Sylvain Pretto (photographe) afin de faire une nouvelle photographie de l’œuvre.

    Pour cela, il m'a été demandé de faire une demande de sortie d’œuvre auprès d'Isabel Bretones (responsable du service de la régie et de l'inventaire) en lui indiquant l'emplacement du tissu dans les réserves ainsi que ses dimensions :

    • Anciennes Réserves (bât. B), salle B211 (salle des cadres), étagère métallique, colonne D., rayon 3, « Coptes Égypte Fatimides ».

    • Hauteur : 9,5cm et 5cm ; largeur : 37,8cm, 88,9cm et 60cm.

     

     

    J'avais besoin de cette photographie pour mieux cerner le tissu et voir plus distinctement les inscriptions, en vue d'une traduction de l'extrait. Je suis actuellement en échange avec Holger Kockelmann, de l'université de Tübingen, à ce sujet.

     

     

    J'ai également été amené à travailler sur un corpus d’œuvres provenant de la région du Fayoum et d'Akhmîm, étant majoritairement des tissus coptes (les textiles de la période copte au Musée des Tissus proviennent, soit d'Antinoë, soit d'Akhmîm). Maximilien Durand ayant réétudié ceux d'Antinoë, en lien avec l'exposition temporaire « Antinoë, à la vie, à la mode. Visions d'élégance dans les solitudes », il m'a demandé de commencer l'étude de ceux d'Akhmîm.

     

    En consultant les fiches photographiques, j'ai découvert que 3 fragments et bandelettes de momies n'avaient pas de numéros d'inventaire. Il n'y avait que des numéros de catalogues :

    1. Bandelettes de momies, datant du règne du roi Ounas (catalogue 1).

    2. Fragment de toile quadrillée, datant de 1800 avant J.-C. (catalogue 43).

    3. Deux fragments de toile, datant de 1800 avant J.-C. et provenant de Thèbes (catalogue 44).

     

     

    Ces trois textiles étaient étudiés dans « Étude technique des étoffes du musée historique des tissus de la chambre de commerce de Lyon, I. Antiquité », mais malgré de nombreuses recherches, je n'ai pas pu déterminer d'où Razy tenait ces informations et je n'ai pas su retrouver les numéros d'inventaire dans les catalogues et ce, malgré l'aide de Maximilien Durand.

     

     

    Indications de Maximilien Durand pour tenter de retrouver les numéros d'inventaire

     

     

     

    Migeon Clément

  • Drones, tridimensionnalité et réalité numérique

    Les nouvelles technologies en archéologie : drones, tridimensionnalité et réalité numérique.

     

    Pendant longtemps le stéréotype de l’archéologue cloîtré au fond d’une bibliothèque ou parti en quête d’un trésor façon « Indiana Jones » a dominé les pensées du grand public et des futurs étudiants destinés à cette science humaine. Forte d’une ouverture maîtrisée et d’une médiation poussée, la communauté archéologique a su fragiliser cette image, notamment grâce à l’avènement des nouvelles technologies dans ce secteur de recherche. Navigant entre bureaux de recherches et chantiers archéologiques, les archéologues ont dû s’adapter aux nouvelles contraintes et aux nouveaux avantages de notre monde moderne numérique et ultra- connecté. Leur désir d’aller toujours plus loin dans leur recherche mais de manière non invasive, ainsi que l’utilisation systématique ces dernières années des outils numériques et d’internet n’a fait qu’accroître une demande de diffusion de masse de l’information et une interactivité toujours plus poussée des données, alimentée notamment par l’explosion des réseaux sociaux, de l’évolutions technologique et de l’essor des sites et applications mobiles. L’enquête archéologique moderne nécessite l’utilisation des nouvelles technologies dans le but d’explorer, retrouver ou découvrir de nouveaux sites archéologiques, de nouvelles richesses historiques. Au-delà de ça, il importe de retracer les chaînes de relation entre les matériaux élaborés et leur environnement et comprendre leurs différentes  transformations

     

     

    L’utilisation des drones en archéologie, la passerelle tridimensionnelle.

     

    Il y a une dizaine d’année le drone faisait son apparition en archéologie, sans pour autant percer dans le domaine. Mais avec sa démocratisation auprès du grand public, et son utilisation intensive dans d’autres domaines tels que les médias ou le BTP, ce formidable outil aérien a su se faire une place depuis lors : outil scientifique ou outil de surveillance, le drone est devenu une quasi-obligation en archéologie, et sont aujourd’hui utilisé partout dans le monde par les archéologues. Suite à plusieurs actes impressionnant de vandalisme sur leurs sites archéologiques, dû notamment à une chute importante du marché foncier, le ministère de la culture du Pérou a pu mettre en place une flotte de drones afin de cartographier, contrôler et protéger les trésors historiques du pays. Car le drone a plusieurs avantages. Utilisés à leurs débuts par l’armée, ils sont petits, furtifs et peuvent aller quasiment partout ; là où avions, hélicoptères ou encore robots motorisés sont très vite limités. Autre avantage du drone, du moins aujourd’hui, est sa large gamme de prix. Bien sûr, les appareils les plus perfectionnés vont coûter au-delà des 10 000 euros ou des 20 000 euros, mais l’on peut maintenant trouver des engins aux alentours de 500 à 3000 euros. En tant qu’exemple, le ministère délégué de la Culture du Pérou en 2012 avait commencé avec un drone à 100 dollars ; aujourd’hui il dispose d’un escadron de 8 machines dont les prix s’échelonnent entre 1500 et 20 000 dollars. Au niveau de leurs défauts, l’autonomie des drones (même pour les plus onéreux) permet en moyenne de faire des vols d’une durée de 6 mn à 20 mn (en excellente conditions de vol et d’autonomie). Autre défaut, il faut garder à l’esprit que comme tout appareil aérien, ils sont esclaves des conditions météorologiques. En plus de cela, la législation qui les entoure est très stricte en France. Ainsi, une licence de vol (au prix de 3000 euros et de plusieurs heures de vols pour un usage professionnel),   plusieurs   autorisations  ainsi qu’une déclaration des plans de vols sont requis pour pouvoir utiliser ces petits bijoux technologiques dans le cadre professionnel, ce qui inclut le domaine de l’archéologie. Néanmoins, cela ne décourage pas la communauté archéologique. Pouvant embarquer toute une panoplie d’accessoires (appareil photographique, imagerie thermique, etc.) en fonction du modèle et de sa puissance, les drones sont également utilisés en surveillance du patrimoine dans les pays en guerre tels qu’en Israël, en Jordanie ou en Syrie. En 2013, la société Archéodunum a réalisé un relevé aérien via drone de son chantier préventif de l’autoroute A1 à la hauteur de Vidy en Suisse. Depuis 2014, la DGO4 du Service Publique de Wallonie (PGW) produit des relevés aériens par drone de son site des minières néolithiques de silex de Spienne ; site inscrit au Patrimoine Mondial et regroupant plusieurs milliers de puits d’extraction du silex sur une surface de plusieurs dizaines d’hectares, l’utilisation de drone est très vite devenue incontournable. Avec cette cartographie aérienne ciblée, les archéologues seront capables notamment de détecter les anomalies de surface pour identifier des sites, ou encore d’avoir une vision d’ensemble du projet archéologique. Véritable gain de temps et de sécurité intellectuelle pour les archéologues, Sébastien Freudiger de la société Archéodunum l’explique lors d’une interview pour Euronews : « Avant ce type de technologie, tout se faisait à la main […]. Et maintenant cette technologie nous permet d’avoir un support qui est traité à l’informatique ». Au Pérou, le travail d’une équipe d’archéologues réalisé pendant 2 mois pour cartographier un site (avec un budget de plusieurs milliers de dollars) ne prend que 10 minutes de prises de vues au drone. Ainsi, les données ressorties du drone seront utilisées à des fin de cartographie tridimensionnelle par photogrammétrie poussée, ou encore à des fins d’orthophotographie.

     

     

    La tridimensionnalité, une technologie qui a le vent en poupe.

     

    L’orthophotographie, la photogrammétrie et la tridimensionnalité s’installent   de   plus   en   plus   en   tant   que « routine » sur les différents chantiers archéologiques. Les applications de la tridimensionnalité sont multiples. Une orthographie est une photographie aérienne verticale qui a fait l’objet, après la prise de vue, d’un traitement pour la rendre parfaitement superposable à une carte, permettant ainsi de l’utiliser dans un logiciel de SIG ou pour y mesurer des distances et des surfaces avec un maximum de précision. Une photographie aérienne verticale comporte au départ une multitude d’erreurs (relief de sol faussé, déformations dues à l’objectif, etc.) et un traitement consistant à un travail de redressement est nécessaire. Le référencement est complété par le géo- référencement de la photographie. En dehors de l’archéologie, d’autres services tels que le GéoPortail et les autres services de cartographie augmentée (Google Maps, Here Maps, Bing Maps, etc.) l’utilisent également, ce qui permet sa diffusion et sa connaissance du public. La photogrammétrie est une technique qui cherche à faire des mesures tridimensionnelles à partir d’une modélisation rigoureuse de la géométrie de plusieurs images acquises selon des points de vue différents. Cette technique permet notamment la création de modèles numériques de terrain (MNT) permettant, de manière plus fine et moins onéreuse que l’orthophotographie, une vision complète et une immersion des structures ou objets archéologiques. La photogrammétrie a plusieurs avantages : un traitement des données en temps quasi-réel (en fonction de la tâche demandée et de la puissance du matériel mis à disposition), une facilité de la prise de vue et du traitement (un simple smartphone suffit à la prise de vue, et un ordinateur moyen suffit au traitement des données), une dynamique d’image réellement considérable avec un « bruit » de plus en plus réduit, et une reconnaissance de cible grâce à des traitements d’image adaptés. Depuis son apparition, la photogrammétrie s’est rapidement imposée comme une méthode de mesure 3D en archéologie. Fidèle représentation de la réalité, cette technologie peut notamment représenter une aide à la protection, la conservation et la gestion du patrimoine archéologique. Véritable support scientifique, la tridimensionnalité peut également servir d’outil pédagogique : fabrication de fac-similés virtuels ou physiques, supports de produits culturels, éducatifs ou touristiques à destination de tous les publics). Grâce à l’orthophotographie et à la photogrammétrie, la réalisation de modèles VRM (de réalité virtuelle) s’est grandement simplifiée. Un exemple avec la villa romaine de Vicques à Val Terbi. Sur le site, le visiteur doit se contenter d’imaginer ou bien de se contenter d’un dessin visible sur une planche infographique. Michel Robert, spécialiste en céramique préhistorique, a entièrement reconstruit le site sur la plateforme du jeu en ligne « Second Life » ; ce qui donne un moyen au public de faire un véritable bon dans le passé sans quitter leur salon. Le musée de Bibracte a investi depuis quelques années dans les outils numériques pour permettre à leur public une meilleure compréhension de site du Mont Beuvray. Tablettes tactiles, plan interactif et maquettes 3D sont autant d’outils permettant cette immersion dans le monde antique. Il est vrai que l’archéologue est capable d’imaginer et de se représenter directement en 3D les ruines se trouvant devant lui. Pour une personne lambda, cette faculté est malheureusement absente, et elle se retrouve devant un simple tas de pierre qui occupe un espace « vide ».

    La réalité numérique : réalité augmentée, virtuelle et holographique. La réalité numérique connaît une véritable explosion depuis une dizaine d’années. En plus de présenter des données en tridimensionnalité, elle immerge entièrement l’utilisateur qui devient alors non plus spectateur, mais acteur de l’environnement numérique. La réalité augmentée est la première forme de ce type de réalité numérique. Le principe consiste à introduire des projections virtuelles sur le monde réel, à l’aide d’un support physique telle qu’une tablette ou un smartphone. Le théâtre antique de Mandeure dans la région de Montbéliard en France utilise ce procédé depuis maintenant quelques années. En faisant une reconstruction tridimensionnelle du théâtre et en l’intégrant dans une application mobile, les coordonnées GPS fournis par l’appareil permettent de repositionner la structure sur la visée de l’environnement (via l’écran de l’appareil). Ainsi, le visiteur peut se replonger deux milles ans en arrière et se rendre compte, par exemple, de l’aspect monumental du théâtre. Différents musées, tels que le Louvre ou le musée gallo-romain de Fourvière (Lyon) ou de Saint-Romain-en-Galles (Viennes) utilisent également ce procédé pour enrichir leur muséographie de leur exposition permanente ou temporaire. Emboîtant le pas à la réalité virtuelle, la réalité augmentée joue sur un terrain beaucoup plus immersif. En effet, l’utilisateur est totalement coupé de la réalité pour se retrouver dans un monde virtuel    par l’intermédiaire d’un casque. Cette technologie est très récente (les premiers modèles de casque de réalité virtuelle viennent de sortir) et n’est pas encore utilisée en archéologie, mais nous pouvons aisément imaginer l’étendue de son utilisation dans ce domaine. L’avancée toujours plus rapide de la tridimensionnalité permettrait de reconstruire entièrement des cités antiques ou des univers complets où l’on pourrait se promener. L’utilisation scientifique ou de médiation que l’on pourrait en faire serait quasiment sans limite. Le dernier né de la technologie tridimensionnelle pourrait bien briser toutes les limites imaginables : la réalité holographique. Présenté par Microsoft en 2015, le casque holographique Hololens est le premier ordinateur holographique indépendant. Muni d’un processeur holographique et d’une carte graphique puissante, ce casque à la particularité d’introduire des hologrammes dans un environnement réel par l’intermédiaire d’une visière présente sur le casque. La Nasa a notamment annoncé son utilisation pour ses recherches spatiales sur Mars et pour sa médiation auprès du grand public.

    Toutes ces nouvelles technologies présentent une opportunité pour les futures générations et les générations charnières pour faire évoluer de manière pérenne le secteur de l’archéologie et le rendre plus attractif, ludique et augmenté son potentiel scientifique.

     

    Auteur : Pierre CONSTANT

     

     

    Bibliographie.

     

    ARLES, A., BUSDRAGHI, F., GUYOT, J., & HECKES, J. (2011). La photogrammétrie appliquée à l'archéologie minière : premiers essais.

    Euronews (Réalisateur). (2013). Archéologie : la high-tech qui permet de prendre de la hauteur [Film].

    Récupéré sur https://www.youtube.com/watch?v=3hrw2cmrIXk HENO, R. (2010). Archéologie et photogrammétrie. Géomètre n°2075.

    JARDONNET, E. (2014). Le drone, nouvel allié des archéologues au Pérou. Le Monde.

    MOHEN, J.-P. (2007). Du passé au futur : archéologie et nouvelles technologies. Récupéré sur https://youtu.be/wPfvBe4hfbo

    POIRIER, N., HAUTEFEUILLE, F., & CLASTRENC, C. (s.d.). L'utilisation des micro-drones pour la prospection archéologique à basse altitude. Archéodrone.

    Tech24 (Réalisateur). (2016). L'archéologie en mode makers [Film]. Récupéré sur https://www.youtube.com/watch?v=lGVMPCPBSfw

    Wallonie, S. p. (Réalisateur). (2015). SPW - DGO4 : un drone à la découverte du passé [Film].

    Récupéré sur https://www.youtube.com/watch?v=02zSh1Ysdhg

     

     

  • La restitution architecturale, apports et limites

    La restitution architecturale, apports et limites : le cas du capitole de Volubilis

     

    La restitution architecturale d’édifices antiques ruinés complètement où en partie est un axe de recherche de plus en plus développé en archéologie. Cette méthode qui consiste à restituer l’aspect probable d’un monument à partir des données encore existantes a été très tôt expérimentée par les architectes-archéologues.

     

    J.-Cl. Golvin, architecte-archéologue spécialiste de l’image de restitution des villes antiques, s’est beaucoup intéressé ces dernières années à la problématique et la méthodologie générale de la restitution architecturale.

     

    Il propose une définition exacte des différents termes liés à cette pratique1 :

    • La restitution est le fait de rendre son aspect - probable - à un édifice en ruine, grâce à une représentation graphique (dessin, maquette) ou une action concrète sur le terrain. Selon J.-Cl Golvin il s'agit de donner une idée de "l'image" d'un monument ou d'un site, de représenter son projet architectural originel.

    • La reconstitution est le regroupement d'éléments authentiques qui ont été dispersés. Il s'agit d'un remontage complet ou partiel d'un édifice à partir de ses propres blocs.

    • L'anastylose signifie littéralement "redresser les colonnes" et désigne par extension le même champ de manœuvre que la reconstitution.

    • La restauration selon le Larousse est l' "ensemble des actions visant à interrompre le processus de destruction d'une œuvre d'art ou d'un objet quelconque témoignant de l'histoire humaine, à consolider cette œuvre, cet objet afin de le conserver et, éventuellement, à le rétablir plus ou moins dans son aspect originel".

    • L'évocation est une suggestion de l'aspect d'ensemble d'un édifice, ce  terme prend en compte une marge de liberté de la proposition de l'auteur.

     

    Pour J.-Cl. Golvin, la restitution vise à retrouver "l'image pertinente" d'un édifice. L'archéologue doit avant tout comprendre le contexte historique dans lequel il a été construit et analyser son organisation spatiale

     

    Si nous prenons pour étude de cas le Capitole de Volubilis, une ville de Maurétanie Tingitane (Maroc actuel), le temple a été reconstitué partiellement par anastylose en 1962 par l'architecte A. Luquet2.

     

    Au début des fouilles, seules apparaissaient une partie du podium et les trois premières marches d’un escalier (fig. 1).

     

    Avant de débuter la restauration, de nombreuses prospections ont été menées sur le site pour identifier les éléments pouvant appartenir au temple. Quatre bases dont une de demi-colonne ont ainsi été récupérées. Les recherches ont aussipermis de retrouver dix-huit tambours de colonnes et deux fragments de demi-colonne. Sur les dix-huit tambours, douze étaient complets. Six chapiteaux ont également été découverts. La grande majorité des blocs a été retrouvée dans un rayon de 50 à 200 m autour de l'édifice.

     

    Avec ces blocs A. Luquet a reconstitué la colonnade de la façade antérieure du temple.Il est parvenu à la restitution partielle de six colonnes et une demi-colonne. Il a utilisé la brique pour remplacer les parties manquantes des colonnes.

    Il a également fait toute une recherche de proportions, en prenant la hauteur de la base 0,40 m comme module, qu'il a comparé avec les proportions de Vitruve. Il est arrivé à la conclusion que les proportions des colonnes du Capitole de Volubilis sont presque comparables au modèle canonique : 6,02 m de haut pour la colonne volubilitaine contre 6,24 m pour la colonne théorique de Vitruve.

     

    Nous résumons ci-dessous le calcul des proportions qu'il a effectué :

     

     Dimensions colonnes :

    Colonne : 20 modules

    Base : 1 module = 0,40 m Fût : 16 modules + 2/3 = 4,92 m Chapiteau : 2 modules + 1/3 = 0,70 m Total = 6,02 m

     

    Entablement :

    Architrave : 1 module + 1/2 = 0,47 m Frise : 2 modules + 1/3 = 0,84 m Corniche : 2 modules = 0,63 m

    Total = 1,94 m

     

     

    La réelle difficulté et la première question que s'est posé A. Luquet a été celle du type de temple. En effet, si les structures encore sur place permettaient de restituer le plan précis de l'édifice au sol, elles ne déterminaient pas avec certitude s'il s'agissait d'un temple prostyle ou périptère. La largeur du podium et les espaces existant de chaque côté de la cella plaideraient pour la restitution d'un temple périptère. Toutefois, au regard du peu d'éléments du décor récupérés, l'architecte a opté pour un temple prostyle. Selon lui, les douze colonnes sur les dix-huit qu'aurait présenté un temple prostyle n'aurait pas pu toutes disparaître. Nous objectons à cet argument que le site de Volubilis a durant une très longue période servi de carrière, et qu'il ne serait pas étonnant que les majestueuses colonnes du temple aient été récupérées en premier.

    Pour légitimer son choix, A. Luquet a comparé le capitole de Volubilis à d'autres capitoles d'Afrique, notamment celui de Dougga, qui est de type tétrastyle précédé d'un escalier monumental. Toutefois le temple de Dougga ne présente pas ces espaces latéraux, comme à Volubilis, et qui ne peuvent justifier leur fonction architectural autrement que par une colonnade périptère.

     

    A. Luquet a donc restitué un temple prostyle, tétrastyle avec deux colonnes en retour alignées sur les antes (fig. 2).

    En somme la quasi-totalité de l’édifice tel que nous le voyons aujourd’hui est le résultat de la restauration. Ceci explique par ailleurs le peu d’étude qu’il y a eu sur  le capitole Volubilitain. Il serait par ailleurs plus juste de parler de "reconstitution" ou même d' "évocation" dans ce cas précis. En effet, L'entreprise d'A. Luquet dépasse de loin le cadre de la consolidation, et ne reflète probablement pas l'aspect originel du monument. Le peu de données conservées permettait tout au plus une "évocation". De plus, le fait de retailler les pierres antiques avant leur utilisation (fig. 3) ne dépasse-t-il pas le cadre de la  reconstitution? Cet acte ne relève-t-il pas plutôt du remploi? Et à partir de quel moment peut-on juger qu'une image proposée est pertinente, en sachant qu'il y aura toujours une part de l'information qui nous échappe à cause des données détruites?

     

    L'objectif d'une restitution architecturale est de rétablir l'image d'un édifice ruiné en se basant sur l'étude des structures toujours en place et des blocs épars, en les complétant avec des hypothèses fondées sur des comparaisons. Comme il est très rare que l'on puisse retrouver tous les éléments d'un édifice, une part de restitution hypothétique est alors nécessaire. Quand nous savons que la reconstitution est une construction souvent hypothétique, qu'est-ce qui justifie alors le passage d'une forme graphique à une exécution concrète sur le terrain ? De plus, le fait même de restaurer consiste à arrêter son choix sur une époque précise de la vie de l'édifice et donc d'occulter tout le reste de son histoire.

     

    Tout ceci nous mène à nous poser la question sur l'authenticité d’une œuvre après une restitution basée sur autant d'inconnus. Le capitole de Volubilis, peut-il être toujours considéré comme un édifice antique? Le fait de s'éloigner autant de l’œuvre originale, ne sommes-nous pas dans une recréation? Quelle est par ailleurs la portée scientifique de ce genre de reconstitution, en sachant qu'elle va ruiner tout projet de nouvelle étude archéologique? Dans ce cas, faut-il restaurer ou pas ? Nous ne pouvons pas négliger tout le volet de la valorisation de l’œuvre qu'apporte ce genre d'entreprise et même sa valeur didactique pour les visiteurs. À volubilis, les monuments qui drainent le plus de touristes sont sans conteste la basilique, le Capitole et l'arc triomphal, tous trois restaurés !

     

    Selon nous, le réel problème dans ce genre de restauration est la difficulté de discerner ce qui est restauré de ce qui est originel. Pour le respect de l’intégrité de l’œuvre, il est essentiel que les éléments basés uniquement sur des hypothèses soient signalés, et que ce genre de travaux soit réversible en cas d'avancée de la recherche. Tout projet de restauration ou de reconstitution doit également être précédé d'une étude minutieuse et exhaustive de chaque bloc afin de récolter le maximum d'indices qui mèneront vers l'image la plus pertinente de l'édifice.

     

     

     

    Fig. 1 - Capitole de Volubilis avant la restauration

    Source : Chatelain (L.), Le Maroc des romains, 1949, pl.XXIX.

     

     

    Figure 2 - Capitole de Volubilis - Vue actuelle

     

     

     

    Figure 3 - Ancienne photographie des travaux de restauration à Volubilis

    (Source : conservation de Volubilis)

     

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    1Golvinet alii, 2005, p. 25.

    2Luquet, Capitole,1964, p

     

     

    Bibliographie :

     

    Chatelain, 1944 : Chatelain (L.), Le Maroc des Romains. Étude sur les centres antiques de la Maurétanie occidentale, 1944, Vol. 1.

     

    Chatelain, 1949 : Chatelain (L.), Le Maroc des Romains. Étude sur les centres antiques de la Maurétanie occidentale : album d’illustrations, Paris, 1949, Vol. 2.

     

    Golvin, 2004 : Golvin (J.-C.), « La restitution de l'image des villes antiques : le problème de la représentation des parties non visibles », Actes du colloque Virtual Retrospect 2003, Bordeaux, 2004.

     

    Golvin et alii, 2005 : Golvin (J.-C.), Khanoussi (M.), Dougga, études d'architecture religieuse. Les sanctuaires des Victoires de Caracalla, de "Pluton" et de Caelestis, Bordeaux, 2005.

     

    Luquet, Capitole, 1964 : Luquet (A.), « Volubilis, restauration du Capitole », BAM, 5, 1964, p. 351-356.

     

     

    Wissal Boutenbat

     

     

     

     

  • E-learning en archéologie

    E-learning en archéologie & Université Lyon 2

    Qu’est-ce que le e-learning ?

    Le e-learning est, selon la définition proposée par la commission européenne « l’utilisation des nouvelles technologies multimédias de l’Internet pour améliorer la qualité de l’apprentissage en facilitant d’une part l’accès à des ressources et à des services, d’autre part les échanges et la collaboration à distance ».

    Bien que dans les pays anglo-saxons le terme d’e-learning désigne d’une façon générale l’ensemble des technologies et innovations technologiques intervenant en quelque moment que ce soit dans le processus d’apprentissage, en France, la matérialisation de cette définition passe principalement par cette notion de « collaboration à distance » entraînant l’apparition du concept de « Formation Ouverte et/ou À Distance » (FOAD), faisant du e-learning un enseignement distancié 2.0.

    C’est sur cette notion de renouvellement de l’enseignement à distance que nous nous concentrerons ici. Elle se compose de quatre dimensions :

    - Une dimension technologique (les supports)

    - Une dimension d’ingénierie pédagogique (l’organisation)

    - Une dimension relevant de la psychologie de l’apprentissage (les effets sur l’apprenant)

    - Une dimension institutionnelle (les modes d’accès)

     

    Le e-learning n’a pas vocation à remplacer la totalité du processus éducatif classique, mais plutôt d’apporter un renouvellement, de nouvelles pistes de réflexions quand à l’organisation de celui-ci. Il ne s’agit ainsi pas d’une solution miracle à toutes les difficultés de l’enseignement, puisque présentant lui aussi un certain nombre de questions, concernant notamment l’autodiscipline de l’apprenant, son isolement, et un ensemble de connaissances relatives aux outils numériques préalablement requises pour pouvoir suivre correctement une formation. Il serait donc davantage un complément à un enseignement dit traditionnel, lui apportant plusieurs améliorations telles que la facilitation de l’accès aux connaissances (un ordinateur et une connexion internet suffisant), ou encore sa grande flexibilité permettant à l’apprenant d’adapter une formation à un rythme qui lui est propre.

     

    Entre initiative européenne et volonté universitaire

    Bien que le terme d’e-learning soit assez largement utilisé dans le monde anglo-saxon depuis les années 1990, sa captation par le reste de l’Europe ne remonte qu’au début des années 2000, avec l’initiative e-learning proposée par la Commission Européenne et son projet de Campus Européen Virtuel et Multilingue visant à « mobiliser les communautés éducatives et culturelles ainsi que les acteurs économiques et sociaux européens afin d'accélérer l’évolution des systèmes d’éducation et de formation ainsi que la transition de l'Europe vers la société de la connaissance ».

    Cet appel européen fut dans sa première décennie principalement suivi, en France, par les structures relevant des ministères l’éducation nationale et de la culture/communication. La question du e-learning en universités ne fut majoritairement abordée qu’à partir des années 2010, et dont le développement concret est encore aujourd’hui débutant.

    Toutefois avec le renouvellement des maquettes concernant les années 2016-2020, une importante part des enseignements semble désormais réservée au numérique et L’université Lyon 2 qui nous concerne ici directement ne fait pas exception.

    En effet, dans le cadre d’une volonté d’orientation générale de l’université dans la direction des humanités numériques, il a été demandé aux chargés de construction des maquettes d’intégrer non seulement des unités d’enseignement liant discipline étudiée et apprentissage des outils et techniques numériques, mais aussi qu’un certain nombre d’heures (pouvant varier) soient consacrées à la mise en place d’une option d’enseignement à distance.

    Pour ce faire, L’université a créé en Juillet 2015 le Service pour l’Innovation Pédagogique et les Usages du Numérique (SIPUN) qui aura – et a déjà – pour but de conseiller et accompagner les différentes composantes dans leurs projets.

    Ainsi, outre les deux nouveaux Masters en archéologie intégrant eux aussi des problématiques liées au numérique, c’est au niveau de la nouvelle Licence Histoire de l’Art & Archéologie que sera créée une unité d’enseignement à distance.

     

    Quel projet ?

    L’ensemble du projet sera tourné vers la découverte de l’archéologie préventive, principal recruteur dans le secteur nous concernant. Il ne s’agira pas de substituer une expérience de terrain par une expérience distanciée, mais de permettre à l’apprenant de mettre un premier pied dans un secteur qu’il ne connaît peut être encore que peu, le préparant ainsi de manière plus optimale à sa future première expérience de chantier, ainsi qu’aux suivantes, l’un des objectifs étant en effet d’offrir à l’étudiant un système lui permettant, au fur et à mesure de son avancement, d’accéder à différents niveaux de responsabilité et d’autonomie : du carré de fouilles, à la gestion de l’ensemble du chantier, en passant par le pilotage d’un secteur.

    Le projet est aujourd’hui porté, en plus des membres du SIPUN, par des spécialistes de la Maison de l’Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux : Matthieu Poux, Directeur de la Licence et Jean-Pierre Girard, Responsable de la collection d’outils multimédias Truelles & Pixels assistés de chercheurs de l’Université Paul Valéry, Montpellier III : Séverine Sanz, assistante ingénieure en archéologie auprès du CNRS et Réjane Roure, Maître de Conférences, ainsi que par Serge Lewuillon, chargé de cours à l’Université de Picardie Jules Verne.

    L’enseignement sera constitué de deux parties se complétant l’une et l’autre. La première sera une plate-forme de cours développée sur Moodle (outil d’apprentissage mis en place par l’université en 2015), contentant des documents de différents types (vidéos, tutoriels, infographies, textes, photographies) et incarnant la connaissance théorique de devra acquérir l’apprenant ; la seconde sera quant à elle un simulateur de fouilles archéologiques virtuelles, donc la conception sera dirigée par Truelles & Pixels, au sein duquel l’apprenant sera amené à faire choix et actions, incarnant alors la connaissance pratique et méthodologique, deux éléments là encore indispensables à l’étudiant dans le cadre de sa préparation à l’entrée dans le monde de l’archéologie.

     

    Truelles & Pixels

    Initialement collection de documentaires multimédias interactifs à destination du jeune public afin de lui faire découvrir les différentes spécialités de l’archéologie, Truelles & Pixels forte de son succès s’est rapidement développée et travaille aujourd’hui sur tout le secteur de la valorisation numérique de la recherche archéologique ; tout en continuant à se développer dans le secteur du jeu sérieux. En 2014 a été lancé un premier simulateur de fouilles archéologiques, développé par la société Assoria et appelé « Simulex’archéo », permettant à l’utilisateur de découvrir non seulement les sites de Lattara et d’Ullastret, mais aussi de réellement se mettre à la place de l’archéologue en choisissant où fouiller, comment et avec quoi creuser, et que faire avec les découvertes. Ce premier simulateur fut la source d’inspiration de cette dualité plate-forme de cours / expérience archéologique virtuelle aujourd’hui véhiculée par le projet d’enseignement à distance.

     

    Conclusion

    L’Université Lumière Lyon 2 et la Maison de l’Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux illustrent ainsi parfaitement leur ambition de renouveler et d’adapter leur offre de formation à destination des étudiants, en allant au delà du simple MOOC ou de l’habituel entrepôt de documents/devoirs à rendre, via la création d’un enseignement permettant non seulement un apport de connaissances théoriques et pratiques, mais offrant aussi à l’apprenant une triple interaction avec :

    - Son enseignant à distance

    - L’environnement virtuel dans lequel il évoluera

    - Les autres étudiants avec lesquels il devra travailler.

     

    Pour en savoir plus

    E-learning par Prestataires.com

    http://e-learning.prestataires.com

    Le Blog du E-learning

    http://www.elearning-news.fr

    Commission Européenne & e-learning

    http://europa.eu/rapid/press-release_IP-00-234_fr.htm

    Le e-learning selon le ministère de l’Éducation Nationale et l’Enseignement Supérieur

    http://eduscol.education.fr/numerique/dossier/archives/eformation/e-formation-e-learning

    Le portail du numérique dans l’enseignement supérieur

    http://www.sup-numerique.gouv.fr

    Service pour l’Innovation Pédagogique et les Usages du Numérique (SIPUN- Lyon 2)

    http://pedagogies.univ-lyon2.fr

    Présentation des projets Truelles & Pixels

    http://www.mom.fr/valorisation-grand-public/collection-truelles-et-pixels

    « Truelles & Pixels, de la valorisation sur Internet à l’archéologie participative ? »

    http://archeorient.hypotheses.org/1276

    « Innovatives SHS : émergence d’une communauté de la valorisation numérique en Sciences Humaines et Sociales »

    http://archeorient.hypotheses.org/1190

     

    C. DEPOVER, L. MARCHAND, E-learning et formation des adultes en contexte professionnel, De Boeck, Bruxelles, 2002.

     

    E. NIESSEN, F. POYET, T. SOUBRIÉ, Interagir et apprendre en ligne, Université Stendhal, Grenoble, 2011.

     

    J.-C. MANDERSCHEID (dir.), L'enseignement en ligne : à l'université et dans les formations professionnelles : pourquoi ? comment ?, De Boeck, Bruxelles, 2007.

     

    F. THIBAULT, B. ALBERO, P. KESS, Piia TOLONEN, H. SALOVAARA, et al., Les universités européennes à l’heure du e-learning : regard sur la Finlande, l’Italie et la France, Conférence des présidents d’universités italiennes (CRUI), 2006.

     

     

    Damien BISTON

     

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